Original, bien écrit et d’une beauté rare, le jeu vidéo Life Is Strange mérite largement son succès. Petite présentation de cette aventure graphique fascinante.
Deux ans après la réussite de Remember Me, qui nous permettait de contrôler la mémoire des personnages, le studio de jeux vidéo Square Enix nous propose cette fois d’influencer le cours du temps avec son nouveau titre, Life Is Strange, développé par les français de Dontnod Entertainment. Pour ce qui est de l’histoire, elle semble commune au premier abord : Max, jeune étudiante passionnée de photographie est de retour dans sa ville d’origine. En renouant avec sa meilleure amie d’enfance, elle se découvre le pouvoir de remonter le temps afin de modifier ses actions récentes, et cherche alors à comprendre les raisons de la disparition d’une autre étudiante.
Pourtant, le scénario se trouve être une petite pépite, ce qui ne devrait pas nous étonner sachant qu’Alain Damasio est aux commandes : auteur du superbe roman d’anticipation « La Zone du Dehors », il arrive avec Life Is Strange à nous faire glisser doucement du futile au sombre, en nous mettant face aux conséquences de nos propres choix. En effet, le petit dernier du studio ne repose pas sur la notion de challenge mais sur celle d’histoire, les choix réguliers proposés au joueur pouvant changer le cours de celle-ci. Ici, le gameplay est au service du scénario : l’idée n’est pas de gagner ou de perdre, les mauvaises réponses n’existent pas. Mettre un appel en attente ou décrocher, dénoncer ou non un crime, les choix auxquels le joueur se retrouve confronté sont rarement anodins et peuvent avoir des conséquences dramatiques inattendues dans la suite de l’aventure. Le pouvoir de contrôle du temps de Max n’est d’ailleurs pas limité en nombre d’utilisations mais uniquement par la proximité temporelle de l’action : le jeu semble ainsi vouloir nous pousser à explorer sur le moment toutes les possibilités afin de choisir celle qui nous semble la plus adaptée pour la suite de l’histoire. Lors des choix les plus importants, l’écran devient flou, laissant au joueur le temps qu’il lui faut pour décider de ce qu’il souhaite faire.
Life Is Strange aurait pu être gâché par de petites imperfections : on regrettera peut-être la mauvaise synchronisation labiale, les limitations parfois peu discrètes de la zone dans laquelle peut se déplacer Max ou encore les textures vieillissantes du moteur graphique Unreal Engine 3. Des reproches principalement justifiés par les moyens faibles déployés pour la production, et qui se font vite oublier devant la beauté du jeu. Life Is Strange, porté par une bande son folk poétique, nous maintient perpétuellement en haleine entre suspens et émerveillement, dans une ambiance qui s’assombrit peu à peu jusqu’à devenir oppressante.
Divisé en cinq épisodes d’une durée de vie d’environ quatre heures chacun, Life Is Strange est destiné à être savouré. Ainsi, l’univers fourmille de détails à observer, permettant à la fois à Max de mieux cerner son environnement et au joueur de profiter de l’atmosphère particulière du jeu, parfois contemplative, toujours magnifique. L’épisode final, « Polarized », attendu avec impatience après les événements stupéfiants de l’épisode 4, ne sortira qu’à la mi-octobre en Europe.
Disponible sur PC, PS3, PS4, Xbox 360 et Xbox One à 19,99€ les 5 épisodes ou à 4,99€ l’épisode 1 puis 16,99€ le pack des épisodes 2 à 5.
Ecrit par Cécile Pennarun