Bordeaux
Cent années se sont consumées et la chandelle du drame arménien nous offre encore et toujours sa respectueuse lueur. En cette année 2015 scintille le souvenir incandescent de tous ceux qui le représentent et de tous ceux qui veulent que l’ on ne l’ oublie pas.
Guillaume Toumanian est un homme qui a promis de continuer à percer la brume de l’ Histoire, avec une telle sérénité, que bien d’ autres l’ ont rejoint pour écrire un peu avec lui sur le cahier de la vérité.
Peintre d’ exception, il jongle avec son art. Son œuvre ne se raconte pas, elle se respire. Ses tableaux ne se regardent pas, ils vous questionnent. Son talent ne se dit pas, il vous absorbe. Alors, à la faveur d’ un rendez vous dans son antre de création, j’ ai choisi de vous parler de cette démarche atypique qui conditionne sa vie d’ artiste.
En effet, pour reprendre une phrase qui lui tient à cœur : " On ne visite pas un atelier, on y est invité !", c’ est dans ce monde là que j’ ai voulu vivre un peu de son temps.
Sa vie d’ atelier se construisit tour à tour dans les combles d’ un hôtel désaffecté, en passant par un ancien foyer social ou encore dans un vieux chai à vins pour continuer à s’ épanouir dans une vieille caserne revisitée par une certaine théorie de l’ évolution.
Tous ces lieux(1) sont ,de part leur originalité, une source d’ inspiration, un réservoir d’ énergie créatrice qui n’ explosera que par l’ appropriation proprement dite du site, de son histoire, de ce qu’ il veut bien transmettre à ce "cherchant", qu’ est Guillaume Toumanian.
Sans une bonne énergie, sans un silence indispensable à sa réflexion artistique, sans un conditionnement intellectuel, les toiles ne naîtraient pas, ou plutot elles apparaîtraient livrant le fade et l’ insignifiant mais ne deviendraient pas ce que Guillaume Toumanian souhaite au plus profond de lui, transmettre une certaine idée de la peinture au travers de ses rencontres avec la Vie.
Et puis, il y a son engagement pour son peuple d’ origine. Son "arménité", comme il la nomme, cette tension sous-jacente qui gère les mouvements de ses mains, les battements de son coeur voire les choix quotidiens de ce petit garçon qu’ il fût, se faisant passer pour un douanier, à l’ age de 10 ans, auprès de sa grand mère malade d’ Alzheimer, fuyant leur demeure familiale de Haut Mauco dans les Landes, femme apeurée revivant son enfance détruite, en lui réclamant son passeport. Alors, elle faisait demi-tour et rentrait à la maison pour retrouver son sésame. Anecdote poignante qui mettra sur la voie du Pourquoi cet homme de valeur et de discrétion.
C’est ainsi qu’ au détour d’un court métrage " Paris-Erevan"(2), réalisé par Nora Martirosyan par Sister Productions et Heolfilms, Guillaume Toumanian, dans le role d’ un businessman, participe encore et toujours à la pérennisation du souvenir, à la préservation de la culture arménienne(3) et à son renouveau. Il nous donne rendez-vous le samedi 21 Novembre 2015 à Bordeaux, Bibliothèque Mériadeck, à 15h pour une rencontre intitulée : Cent ans de solitude, animée par Martine Laval et la complicité de Anahit Dasseux Ter Mesropian, psychanaliste.
Si l’ on devait définir cet homme, il faudrait sans doute beaucoup se renseigner sur la force du mystère, mais pas de celui qu’ il cultive il n’ a pas le temps, mais surement sur celui qui le grignote inlassablement et qu’ il essaie d’ effeuiller pour tenter de le découvrir. La nuit tombe sur les mots, laissant les ombres tisser délicatement le voile de l’ inspiration, le peintre redevient maître de Guillaume(4) et laisse s’ assoupir Toumanian dans la paix et l’ Arménie.
(1)Livre " Vies d’ atelier " de Michel Dieuzaide Editions Le Temps qu’il fait
(2) http://vimeo.com/139083564
(3) A.C.A.B.A association culturelle arménienne Bordeaux Aquitaine www.aca-ba.fr
(4) www.guillaume-toumanian.com
A lire absolument aux éditions Liana Levi
" Parce qu’ ils sont arméniens " de Pinar Selek
A voir du 22/11 au 1/12 2015 au cinéma Rio à Langon
" Une histoire de fou " Drame historique de Robert Guédiguian - France- 2h14 http://www.cineproximite-gironde.fr/histoire-de-fou/
" Les chemins arides " Film documentaire de création réalisé par Arnaud Khayadjarian, Adalios Production déléguée 2015 70’
http://www.dailymotion.com/video/x2xu2jq
Ecrit par Denis Lalanne