Bordeaux
La perfection, dit-on, n’est pas de ce monde. C’est sans doute vrai mais rien n’empêche de s’en approcher. Ce fut le cas en ce 28 février. Tout s’y prêtait !
Les protagonistes
Deux compositeurs français dont le programme nous indiquait à juste titre qu’ils sont « des compositeurs majeurs du XXème siècle » : Maurice RAVEL (1875-1937) er Olivier MESSIAEN (1908-1992). Un chef d’orchestre, Paul DANIEL, directeur de l’ONBA, non seulement remarquable chef mais aussi excellent accompagnateur. Un jeune pianiste, Bertrand Chamayou, au top de son talent, étoile du piano français. Une ondiste, Cynthia Millar, qui connait l’œuvre de Messian et d’Honegger comme personne. Enfin, un orchestre national Bordeaux Aquitaine à un niveau très élevé qui, visiblement, apprécie son nouveau patron. Bref, un sextuor de rêve !!
Maurice Ravel
Et le plaisir commença avec le concerto en sol de Ravel, interprété excellemment par Bertrand Chamayou, remarquablement accompagné par Paul Daniel à la tête de son orchestre au mieux de sa forme (bravo les solistes, cor, petite clarinette, trompette, etc…) De ce concerto qui, depuis sa création en 1932, est devenu un « classique » pour tous les pianistes du monde, Bertrand Chamayou donne une version claire et techniquement irréprochable, virtuose comme il se doit dans le 1er mouvement d’inspiration jazz et le final, "brillantissime", rivalisant de brio avec l’orchestre. Dans l’adagio central, en osmose avec le cor anglais (merveilleux !), Chamayou démontre une très « ravelienne » sensibilité, justifiant, s’il le faillait, sa présence à Bordeaux en qualité d’Artiste associé de l’ONBA pour la saison 2013-2014. Il dut être heureux d’avoir été accompagné aussi parfaitement par Paul DANIEL et l’orchestre dont tous les solistes sont à féliciter. Bel instant de musique !
Olivier Messian
Et l’état de grâce, car c’en fut un, se poursuivit avec une exécution exemplaire de la Turangalîla Symphonie d’Olivier Messian. Dans cette œuvre monumentale, Messian bouscule les formes traditionnelles de la symphonie, non seulement par son langage musical novateur, par l’imposante composition de l’orchestre mais encore par la partie concertante confiée au piano ou l’incorporation des ondes Martenot, instrument permettant des effets sonores voulus, souhaités par le compositeur dont l’inspiration s’est nourrie de religiosité, de spiritualité, de cultures diverses et même…. d’ornithologie ! Citons Messian lui-même parlant de sa symphonie « Turangalîla, mot sanscrit, veut dire tout à la fois : chant d’amour, hymne à la joie, temps, mouvement, rythme, vie et mort ». C’est de ce résumé des passions humaines dont s’est inspiré Olivier Messian que l’ONBA, Paul Daniel, Bertrand Chamayou, Cynthia Millar ont donné une vibrante interprétation. Turangalîla-Symphonie est jouée dans le monde entier par les plus grands orchestres, les chefs les plus prestigieux et il m’a été donné de l’entendre maintes fois. Celle de l’ONBA et de Paul Daniel fut, ce 28 février, l’une des meilleures.
Quand je vous disais qu’avec Paul DANIEL à sa tête, l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine ferait des étincelles !!!

Ecrit par Sarastro
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