Bordeaux
La convention sur la culture asiatique a attiré un très nombreux public jeune et parfois moins jeune dans une ambiance haute en couleurs. Cécile Pennarun a suivi la journée de samedi à Animasia pour Bordeaux Gazette et raconte.
8h/ Samedi matin, une heure avant l’ouverture officielle d’Animasia, le tram B est déjà rempli de Pikachus, costume le plus courant dans les salons de ce genre. Pour passer le temps, je discute avec la jeune fille assise à côté de moi qui m’explique que la carabine steampunk accordée à sa tenue rétrofuturiste n’est en réalité qu’un pistolet à eau repeint. Il est 9h lorsque j’arrive devant le Hangar 14 et la file d’attente qui s’étire devant moi semble infinie : portée par le succès du Bordeaux Geek Festival en juin, l’association Mandora attend cette fois 20 000 personnes, soit 4 000 de plus que les années précédentes. Les portes s’ouvrent enfin pour les festivaliers qui ont eu la chance de pré-acheter leurs tickets : les autres devront attendre 10h pour profiter du salon dédié cette année à la Corée du Sud. Nombre de Pikachus croisés pour le moment : 6.
10h/ Organisé sur deux étages, Animasia est divisé en grands espaces emplis de nombreux stands : jeux vidéo et retrogaming, mangas, jeux de société, emploi numérique, dédicaces... Je décide de me mettre dans l’ambiance en commençant par un combat de sumo : sur un grand tatami qui sert aussi aux démonstrations d’arts martiaux m’attend un costume gonflable géant, que j’enfile avec un peu d’aide. Mon inquiétude face à la perspective de rentrer en collision avec mon adversaire du moment, un grand barbu au visage peint en bleu, s’efface vite grâce aux encouragements de la foule : trois vols planés et une tentative ratée de plaquage plus tard, je suis déclarée KO. Pendant que je me battais farouchement, le hangar s’est rapidement d’une foule assez homogène de festivaliers de 15 à 25 ans, qui conserve tout de même une grande variété grâce aux tenues et cosplays portés par une bonne partie d’entre eux. Après avoir assisté à un quizz de K-pop, je croise plusieurs costumes de pandas, une elfe steampunk et un homme à tête de cheval avant de m’arrêter en admiration devant une jeune fille portant une armure entièrement faite en emballage de Kinder Bueno. Entre les stands, les meilleurs cosplayeurs qui défileront à 17h sur scène côtoient des novices en la matière, mais je n’entends pas une seule moquerie : l’ambiance est au rire et à la sympathie, comme en témoignent les multiples pancartes Free Hugs* brandies par les festivaliers. Nombre de Pikachus croisés pour le moment : 12.
14h/ Le concert du Neko Light Orchestra attire la foule vers la scène principale, pendant que je recherche activement de la nourriture. Le stand du Nobi Nobi, un restaurant japonais bordelais, me fait de l’œil, mais l’attente me décourage et je me réfugie sur la terrasse elle aussi prise d’assaut, grignotant des fruits confits achetés un peu plus tôt dans la journée sur un des stands de restauration. Le salon commence à être bondé, et l’attente à l’extérieur est toujours de plusieurs heures : la chaleur n’est pas insoutenable, mais je croise quelques festivaliers souffrant dans des costumes qui leur tiennent parfois trop chaud. « Et maintenant elle pleure, c’est mignon comme elle est timide face à eux » : de nouveau à l’intérieur, je fais vite le lien entre cette petite phrase prononcée par un couple d’amis et une jeune fille en larmes au stand de dédicaces de la web-série NOOB, que l’équipe tente de réconforter à coups de câlins. Cette année encore, les invités d’Animasia sont nombreux et connus dans l’univers geek : Benzaie, Unsterbliicher, Frigiel, Isabelle Jeudy, l’équipe du Joueur du Grenier, JBX et Pétulia de Reflets d’Acides, Dr Lakav, Jigmé, Kayane… Je regarde un moment cette dernière, pro gameuse et vice-championne mondiale de Soul Calibur, écraser les festivaliers qui la défient sur son stand à des jeux de combats, puis je pars tester Star Wars Battlefront. Le stand Xbox propose en effet plusieurs écrans permettant à ceux qui en ont envie d’essayer quelques nouvelles sorties, publicité pratique et efficace pour la console. Nombre de Pikachus croisés pour le moment : 18.
- L’art de l’encre
18h/ Deux heures avant la fermeture, le salon ne désempli pas, attiré entre autres par le défilé de cosplay qui se déroule sur la scène du premier étage. Pendant qu’une jeune fille se fait peindre une magnifique fleur de lotus dans le dos, un festivalier se fait lui réellement tatouer le mollet sur le stand de « L’art de l’encre ». Devant lui, une petite fille réclame à cor et à cris un tatouage à son père qui s’en sort en lui appliquant un motif éphémère de Totoro. Un riff de guitare électrique attire soudain mon oreille : un duel de Guitar Hero fait rage, la musique des Red Hot Chili Peppers se mêlant à du Katy Perry, diffusé non loin de là sur un stand dédié à Just Dance qui fait danser en permanence une bonne dizaine de personnes. Face à moi, la file dédiée aux dédicaces de l’équipe du Joueur du Grenier se ferme alors sous le nez d’un festivalier déguisé lui aussi en Pikachu, le dernier des vingt-six que j’aurais croisés dans la journée. Heureusement, ce dernier le prend plutôt bien : « Je reviendrai demain de toute façon ». Ce qui est certain, c’est qu’il ne sera pas le seul.
Ecrit par Cécile Pennarun