Bordeaux

A l’Hotel des ventes des Chartrons, les objets se souviennent

Du 16 au 31 janvier, le groupe Ivoire organisait ses sixièmes Journées Nationales de l’Expertise. Après Reims, Lyon ou encore Toulouse, c’est à Bordeaux que les commissaires-priseurs ouvraient leurs portes aux curieux propriétaires d’objets oubliés. Immersion à l’Hôtel des Ventes des Chartrons dans le monde peu connu des collectionneurs d’art.



Alexei Blancky est commissaire-priseur. Après des études de droit et d’histoire de l’art, chaque jour, il procède à des expertises. «  Nous pouvons faire des expertises en vue de partages entre membres d’une fratrie, pour un héritage, procéder à un inventaire d’assurance mais aussi dans le cadre d’une succession ou d’une mise sous tutelle. Nous sommes en lien constant avec les tribunaux de Grande Instance ou de Commerce. Mais les gens peuvent également venir sur place avec l’objet pour que nous lui donnions une idée de sa valeur.  » Généraliste, le commissaire-priseur entretient des connaissances dans nombre de domaines et d’époques mais s’appuie sur un groupe d’experts et une base de données internationale. « Je travaille en étroite relation avec des experts pour les tableaux du XIXème par exemple, le mobilier des années 30 ou encore des experts en timbres et en vin. Nous donnons une estimation et parfois un prix de réserve au-dessous duquel l’objet ne sera pas vendu. Si les gens ne veulent pas vendre l’objet qu’ils nous présentent ou si l’estimation ne leur va pas, ils récupèrent leur bien sans frais. »

Pour cette sixième édition des Journées Nationales de l’Expertise du groupe Ivoire, une cinquantaine de personnes sont attendues pour présenter des objets rares ou insolites. Sous le chapiteau, Alexei Blancky est d’ailleurs en pleine expertise d’un bracelet et d’une bague qu’une jeune femme a amenés, reçus après un héritage. « Pour les bijoux, je les pèse, regarde les poinçons et si ce sont des bijoux étrangers qui ne sont pas poinçonnés, j’ai des acides pour tester l’or, des testeurs de diamant, une loupe pour l’ivoire… Les gens qui viennent sur ce type d’événement sont des gens que l’on a pas l’habitude de voir en salle des ventes, qui craignent un peu de faire estimer leurs biens car ils ont peur que cela soit payant alors que tout le monde peut venir directement à l’Hôtel des Ventes pour que nous leur disions combien cela vaut.  »

Au deuxième étage, un expert en lettres anciennes répertorie timbres isolés ou sur document. Jean Lambert se déplace à domicile ou dispense des expertises au sein de son magasin Philatexte et travaille également de concert avec Alexei Blancky. C’est le cas ce vendredi après un arrivage de lettres de 1870. « Il faut savoir que le timbre est né en France en 1849. Ici, nous avons des documents datant du siège de Paris. Comme on ne pouvait pas communiquer avec les parisiens, les lettres étaient acheminées en ville en étant jetées dans la Seine. Pour un surcoût de 80 cents, le courrier était mis dans des boules à ailettes qui circulaient entre deux eaux. Ce genre de document sera vendu 1 000 € mais certains timbres peuvent se vendre jusqu’à 4000 € ! » détaille-t-il. A la mode depuis toujours la numismatique entretien trois ventes de timbres par an. Mais depuis quelques années, le vintage est revenu sur le devant de la scène et l’attrait pour les collections d’objets anciens se démocratise grâce, entre autres, à une pluralité d’émissions télé. Antiquaires de la rue Notre-Dame, salon du vintage annuel ou rendez-vous hebdomadaires à Saint-Michel… Bordeaux s’est toujours passionné pour ces objets anciens et la salle des ventes n’a jamais désemplie. « Cela amène en fait un nouveau public, pas d’acheteurs mais de vendeurs. Les bijoux, les pièces et l’or en général se vendent bien, ainsi que certains mobiliers, sculptures ou peintures. Les gens sont parfois déçus parce que ce n’est pas parce qu’un objet est vieux qu’il est précieux. » explique Alexei Blancky.

Groupement national de quatorze maisons de ventes aux enchères et de commissaires-priseurs de tout l’hexagone, le groupe Ivoire a participé à de riches découvertes comme celle d’un seau personnel de l’empereur chinois Qianlong oublié au fond d’un buffet ou encore un miroir de Line Vautrin, sauvé de la poubelle. Une poupée royale de la cour de louis XVI a elle été vendue 16 000 €. Mais l’objet qui a le plus fait parler de lui ces derniers mois restent un tableau de Cimabue accroché pendant des décennies dans une cuisine et adjugé à 24 millions d’euros. « La découverte qui m’a le plus marquée remonte à plusieurs années. C’était un tableau hollandais trouvé dans un inventaire de succession lors d’un partage à domicile. Je sens qu’il n’est pas ordinaire et je prends la décision de le montrer aux experts. Ils ont recherché le peintre principal et se sont rendus compte que la rose centrale était faite par un deuxième artiste. Il a été vendu à 300 000 € . » se souvient-t-il. Avoir un objet extraordinaire est rare, mais les gens n’hésitent pas à se déplacer pour en avoir le cœur net. Venus de Charente, des Landes ou d’un grenier bordelais, il faudra attendre le 25 mars prochain pour découvrir, en salle des ventes, monnaie, tableaux anciens et modernes ou encore grands crus et peut-être certains de ces objets oubliés.

Ecrit par Sabine Taverdet


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