Bordeaux
Les jurats élisent Alphonse d’Ornano maire de Bordeaux sur expresse recommandation du roi Henri IV, le 1er Août 1599. Le nouveau maire de notre cité n’est autre que le fils de l’illustre Sampiero Corso, défenseur de l’indépendance corse contre les Génois.
Le patriote Corse …
Il passe sa jeunesse en France auprès de sa mère Vanina d’Ornano et retourne en Corse en 1566 pour faire la guerre aux côtés de son père, qui le nomme colonel et capitaine général de sa cavalerie.
A la mort de son père, tué dans une embuscade, il continue la lutte pendant deux ans et négocie la paix avec Gênes. Retiré en France avec 300 de ses compagnons, il se met au service du roi. Il obtient ainsi sa naturalisation et le droit de s’installer en France, sous le nom de d’Ornano.
Fidèle serviteur des rois …
Après avoir servi les rois Henri III puis Henri IV, il reçoit en récompense de ses actions le titre de Maréchal de France, nous sommes en 1595. Nommé lieutenant du roi de Guyenne en octobre 1597, à la mort du maréchal de Matignon, il entre dans Bordeaux par la porte de Bourgogne.
Elu maire deux ans plus tard, il fait une nouvelle entrée solennelle par la même porte, attendu par les jurats et par les habitants de la ville.
- Alphonse Ornano
- Source : Jean-Ange Galletti, Histoire illustrée de la Corse, Paris, 1863.
d’Ornano lutte contre l’épidémie de peste …
En 1604 le maire maréchal d’Ornano s’engage avec force, au péril de sa vie, contre l’épidémie de peste qui envahit la ville.
Le chroniqueur Darnal raconte : « Une ou deux fois par semaine, il fait ouvrir le grand portail de l’Hôpital de la Peste et porté d’une très grande charité, il entre dedans monté sur son cheval pour savoir si les pauvres enfermés sont bien secourus … et avant de sortir il fait ouverture de sa bourse ».
Alors que l’état sanitaire de la ville est déplorable, le maire d’Ornano fait preuve d’une grande activité, il fait assécher les marais qui entourent le Peugue et le Devèze par l’ingénieur Flamand Conrad Gaussen. Il fait également élever des fontaines monumentales, capte les eaux de la fontaine d’Audège pour les diriger vers le Château Trompette. Il fait édifier les premiers quais de la cité ; le Chapeau-Rouge et les Salinières. En application de l’édit de Nantes, il fait construire un temple protestant dans l’actuel quartier du Prêche à Bègles.
Un maire fort populaire …
Quand la nouvelle de sa mort est annoncée, le peuple de Bordeaux ressent une vive émotion. Le maire est inhumé en grandes pompes dans la chapelle du couvent de la Merci. Sa statue de marbre blanc le représentant à genoux sur un prie-Dieu en costume de guerre, recouvert du manteau de l’ordre du Saint-Esprit, se trouve au musée d’Aquitaine.
Très aimé des bordelais, le maire d’Ornano est décrit par Camille Jullian comme : « travailleur, appliqué, franc, noble, ferme et désintéressé ». Il fut unanimement regretté par les bordelais de toutes conditions.
Un hommage solennel …
A la Révolution, la dépouille du maréchal est transférée de la chapelle de la Merci à celle des Feuillants. Le 28 décembre 1880, ses cendres seront transférées au dépositoire de la Chartreuse.
Le 27 Septembre 2003, un hommage solennel a lieu dans l’église Saint-Bruno puis au cimetière, en présence du maire Alain Juppé, des descendants de la famille et d’une foule nombreuse.
(Sources : Dossiers d’Aquitaine).
Ecrit par Dominique Mirassou