Bordeaux
Plus d’un millier de personnes ont manifesté dans les rues de Bordeaux, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, rassemblant de nombreuses communautés. La marche était organisée par le Planning Familial de Gironde.
"Une manifestation chargée de symboles"
Une journée forte en émotions. Lundi 8 mars 2021, plus d’un millier de personnes ont manifesté pour la journée internationale des droits des femmes. Le rassemblement était organisée par le Planning Familial de Gironde, et de nombreux collectifs féministes etaient présents, comme l’Assemblée féministe, le Collectif bordelais pour le droit des femmes et le collectif Fack-ap. Certains syndicats étaient aussi dans la rue, comme la CGT, l’Union syndicale Solidaires ou encore la FSU.
La manifestation a débuté place Stalingrad à 14 heures. L’avenue Thiers, dans le quartier de la Bastide, a été rebaptisée avenue Louise Michel. Une demande officielle a été déposée auprès de la mairie pour la rebaptiser officiellement. Le cortège s’est ensuite rendue rue de la Rouselle, dans le centre-ville, où une jeune femme de 31 ans est morte défenestrée par un homme le 16 février dernier. A 15h40, la foule s’est immobilisée devant la cathédrale Saint-André, pour marquer l’heure de la “grève féministe”, heure où les femmes cesseraient d’être rémunérées, du fait de l’écart moyen de 25 % de salaire avec les hommes. Le choix de la cathédrale est symbolique : un moyen de protester contre “les discriminations perpétrées par les religions contre les femmes”, selon les organisatrices. Le cortège s’est finalement arrêté, jusqu’à la fin de la manifestation, devant le Palais de Justice. Des sages-femmes étaient déjà présentes et ont déployé une banderole en soutien à la manifestation, avant d’entamer une chorégraphie sur la chanson “Mesdames” de Grand Corps Malade.
- Des slogans divers
“C’est pas de ta faute !”
Une forte émotion s’est fait ressentir sur cet ultime lieu de regroupement. De nombreuses personnes ont pris la parole au micro, dont une jeune femme anonyme, sous le nom d’emprunt “Simone”. Elle raconte, avec une certaine fébrilité dans la voix : “J’ai été, on peut le dire, traumatisée. Je vous décris comment je me vois maintenant, je suis en train de regarder par terre parce que j’ai honte et en même temps, je veux absolument en faire part avec toutes les femmes qui sont ici, parce que j’aimerais en faire une force au fond de moi [...] Je suis rentrée pas très sobre, et ce qui pourrait se dire droguée d’une soirée. On pense toujours que ça n’arrive qu’aux autres, et je peux vous dire que ça n’arrive pas qu’aux autres. J’habite avec cette personne, et ça fait que quelques jours que j’en ai pris connaissance et que j’ai pris conscience que c’était pas normal ce qui c’était passé”. La voix de la jeune femme se brise, et tandis que certains manifestants sont en pleurs, la foule commence à crier “C’est pas de ta faute !”, à l’unisson.
- Dying
“Notre féminisme, il n’a aucune frontière”
D’autres personnes vont prendre le micro, comme des représentants de syndicats ou d’associations, des artistes ou simplement des militants voulant crier leurs revendications. De nombreuses communautés étaient présentes : les droits pour les personnes de la communauté LGBT ont été exigés, comme la fin de la mention du sexe sur l’état civil, la PMA pour toutes, ou encore la fin des mutilations sur les enfants intersexes. Ont aussi été dénoncées les violences policières, le racisme, l’homophobie, les mesures anti-migrants et la précarité étudiante. L’évacuation en février dernier des 300 personnes du squat de la “zone libre” de Cenon a été citée de nombreuses fois, et pointée du doigt comme étant inhumaine. “Notre féminisme, il n’a aucune frontière”, crie une organisatrice au micro. Une manière de dire que toutes les communautés sont les bienvenues pour manifester ici. Un “Dying” a eu lieu devant le Palais de Justice : toutes les personnes présentes sur la place s’allongent pendant deux minutes, pour rendre hommage aux femmes mortes sous les coups de leurs conjoints ou de leurs exs, et aux futures victimes de féminicides. De nombreux autres rassemblements ont eu lieu partout en France. A Paris, près de 30 000 personnes étaient présentes.
Ecrit par Manon Gazin