Bordeaux
C’est dans un contexte particulier, au grand auditorium, que l’élection du maire s’est déroulée afin de permettre un large accès au public pour suivre l’événement, Covid oblige pour trouver les distances et port du masque obligatoire.
Quelque part c’est un peu la prime à la constance cette élection de Pierre Hurmic avec vingt cinq ans passés dans l’opposition et il faut une sacrée dose de pugnacité, de patience et d’engagement pour gagner ce combat que Nicolas Florian a perdu, torpillé par une OPA de LREM qui en fait se retrouve avec le score peu flatteur de seulement quatre élus soit un de plus que Bordeaux en lutte de Philippe Poutou, ce que ce dernier soulignait avec malice. La séance a été ouverte par la doyenne de la nouvelle municipalité Sylvie Justome de Génération Ecologie qui a honoré l’assistance d’un séduisant discours d’ouverture plein de sagesse et d’humour où elle a cité Jacques Ellul et Montaigne. Les résultats officiels de l’élection s’établissent comme suit : Bordeaux respire 26 509 voix et 48 sièges, Union pour Bordeaux 25 163 voix et 14 sièges et Bordeaux en luttes 5 357 voix avec 3 sièges. Il faut préciser pour une plus juste ventilation des forces en présence dans l’opposition que l’ancienne équipe municipale dispose de 10 sièges et les nouveaux venus de LREM de quatre sièges dont l’invisible député de la deuxième circonscription de Bordeaux Catherine Fabre que l’on pourra apercevoir maintenant au Conseil Municipal.
- Sylvie Justome de Génération Ecologie, l’aînée au profil très jeune, de la liste Hurmic
Les impétrant(e)s étaient installés dans la partie centrale du Grand Auditorium en occupant un siège sur deux et portant le masque pour éviter toute contamination virale bien sûr et chaque élu(e) est venu voter à l’appel de son nom. Il faut préciser qu’à l’appel de candidature pour le poste de maire seul Bordeaux respire et Bordeaux en lutte ont proposé un candidat(e), montrant en cela qu’on ne sait pas qui est le patron de l’hybride Union pour Bordeaux. Si Nicolas Florian s’est autorisé à transgresser la règle en ôtant son masque pour se faire photographier sans masque au moment où il glissait son bulletin dans l’urne, tous les autres candidat(e)s ont soigneusement respecté la règle après s’être désinfectés les mains avant de saisir leur enveloppe et voter. Selon des règles très sanitaires et protocolaires le dépouillement a donné sans surprise, avec un décompte exact, le résultat de l’élection de Pierre Hurmic à la tête de la Municipalité bordelaise et il est venu sous les applaudissements se faire ceindre de l’écharpe tricolore emblème de sa nouvelle fonction par Camille Choplin et de prendre la parole pour son premier discours de maire de Bordeaux.
- Emmanuelle Ajon, conseillère municipale sortante de la précédente mandature
Dans cette première allocution qui a été aussi en direction de la liste battue Pierre Hurmic a remercié ses électeurs qui lui ont fait l’honneur de devenir maire de Bordeaux. Il a souligné le respect avec lequel il souhaitait considérer l’opposition et après avoir déclaré l’urgence climatique, il a précisé son soucis de contrôler l’utilisation des deniers publics en souhaitant que Bordeaux devienne un modèle de développement écologique, social et solidaire. Ses colistiers en la personne d’Emmanuelle Ajon pour le PS et Olivier Escot pour le PC lui ont adressé un message de soutien en saluant le tour de force de la réussite de l’Union de toutes les forces de cette liste qu’il a mené à la victoire. De son côté Nicolas Florian a précisé qu’il se montrerait comptable de toutes les avancées bordelaises de ces dernières années et qu’il mettrait tout en oeuvre pour les protéger. Il a fallu bien sûr que Thomas Cazenave prenne la parole pour valider la division de l’opposition dans laquelle, il semble bien qu’il va y avoir une lutte féroce pour savoir qui va prendre la tête de cette opposition, ce dernier comptant bien saborder le LR à l’image de la voix de son maître qui a réussi le débauchage de Jean Castex. Faut-il s’attendre à écouter la voix de "Radio Elysée" au Palais Rohan ! On verra bien.
- Le Conseil Municipal réuni sur la pelouse du jardin
Pour Philippe Poutou qui en aparté définissait sa position lors de son arrivée à l’Auditorium dans les termes " On est pas là pour brailler, mais pour faire avancer les choses", il est intervenu pour dire qu’il était au Conseil Municipal pour apporter la voix des faibles, des plus démunis et des travailleurs sans oublier les gilets jaunes qu’Antoine Boudinet représente, lui qui a perdu une main dans les affrontements avec les forces de l’ordre lors des manifestations de l’an passé. Après de nombreux échanges dans les murs de l’auditorium l’ensemble des élus s’est rendu à la mairie pour permettre la photo de groupe qui une fois n’est pas coutume ne s’est pas servi des marches pour poser, mais pour bien marquer le coup de l’écologie a posé sur la pelouse du Jardin de la mairie pour la photo de famille du Conseil Municipal. Pour la petite histoire un Chaban-Delmas revient au Palais Rohan avec l’entrée au Conseil Municipal de Guillaume Chaban-Delmas, petit-fils de l’ancien maire de Bordeaux en replacement de Julia Mouzon démissionnaire de la liste de Nicolas Florian. Maintenant il ne reste plus qu’à attendre la première réunion du Conseil Municipal qui permettra de connaître le rang et les prérogatives de chacun en observant les chamailleries internes à l’opposition qui ne vont pas manquer de se faire jour.
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette