Sécurité à Bordeaux

Lorsque Jean-François Achilli évoque une « explosion » de la délinquance, Pierre Hurmic corrige immédiatement : « Ce n’est pas vrai que la délinquance explose ». Pour lui, certaines publications entretiennent une vision caricaturale de Bordeaux. Il cite les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur : entre 2019 et fin 2024, les faits de délinquance ont reculé de 4,1 % dans la ville.

Le tableau n’est pas uniforme. Le maire reconnaît une hausse de la délinquance de voie publique (+7,3 % en un an), des vols à la tire (+8 %) ou encore des vols dans les véhicules (+13 %). À l’inverse, plusieurs indicateurs sont en baisse : cambriolages, violences physiques hors cadre familial, vols violents sans armes (–35 % depuis 2019) et vols avec armes. Selon lui, « ce qui m’intéresse surtout, c’est que recule la délinquance accompagnée de violences physiques contre les personnes ».

La discussion glisse alors vers l’armement de la police municipale. Longtemps perçue comme une ligne rouge pour un maire écologiste, cette mesure a pourtant été adoptée. « Ce n’est pas un déclic, c’est l’épreuve du pouvoir », explique-t-il. Il insiste : ni angélisme, ni répression systématique, mais une combinaison de prévention et de fermeté. « Je ne suis ni shérif, ni naïf », résume-t-il.

Concrètement, un quart des effectifs de la police municipale est désormais armé. Un choix difficile, dit-il, mais assumé : « Croyez-moi, c’était une décision difficile à prendre ». Le modèle britannique lui a servi de référence : les agents de proximité restent désarmés, mais une brigade d’appui est équipée. Dans le même temps, les effectifs augmentent : +52 % de policiers municipaux d’ici la fin du mandat, avec un effort équivalent sur les médiateurs. Hurmic revendique ainsi une politique « équilibrée », qui, selon lui, a aussi facilité le recrutement.

Climat et ville : le choix de la végétalisation

Le maire se projette ensuite sur un autre défi majeur : l’adaptation au réchauffement climatique. Il dresse un contraste avec les mandats précédents, marqués par une absence de stratégie de végétalisation. « À l’époque, on ne se souciait pas du tout de problèmes de végétalisation », rappelle-t-il.

Le constat est clair : Bordeaux est une ville de pierre, minérale, où les îlots de chaleur sont nombreux. Dès son arrivée, Pierre Hurmic a proclamé « l’urgence climatique » et lancé une politique massive de plantations. Il assure avoir multiplié par 25 le nombre d’arbres plantés par rapport à ses prédécesseurs et avoir doublé la surface arborée de l’espace public. « Les arbres sont nos meilleurs alliés pour résister aux vagues de chaleur », insiste-t-il, voyant dans cette « reconquête végétale » une réponse directe aux étés de plus en plus chauds.

Municipales 2026 : indépendance et continuité

Vient enfin la politique. Interrogé sur d’éventuelles alliances avec La France insoumise, le maire se montre ferme : « Personne ne m’impose rien du tout ». Il rappelle que LFI a choisi l’opposition municipale et critique régulièrement ses décisions. Pour lui, l’écologie bordelaise doit rester « mesurée, pragmatique et pondérée ». Il affirme donc ne pas vouloir modifier la stratégie adoptée en 2019-2020.

À l’approche des municipales de 2026, Pierre Hurmic dit vouloir s’appuyer sur la même majorité qui l’a porté en 2020, un rassemblement écologiste et socialiste, sans élargissement vers LFI. L’indépendance locale reste un axe central : « Bordeaux a toujours été, historiquement, une ville affranchie des oukases parisiens », rappelle-t-il, soulignant son attachement à la décentralisation et à l’autonomie des maires.

À retenir

• Pierre Hurmic conteste l’idée d’une explosion de la délinquance et revendique une politique de sécurité « équilibrée », avec armement partiel de la police et hausse des effectifs.

• Face au climat, il met en avant une « reconquête végétale » : plantations multipliées par 25 et doublement de la surface arborée.

• Pour 2026, il écarte toute alliance avec LFI et confirme une ligne d’indépendance locale, fidèle à la majorité de 2020.

Sources : Sud Radio, Le Grand Matin, entretien de Jean-François Achilli avec Pierre Hurmic, 20 août.
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