Bordeaux

Bordeaux : Un logement à tout prix

Chaque année, c’est bien connu, c’est la course à qui trouvera un logement à un prix décent. Pour certains, la mission est déjà de trouver un toit. Particulièrement médiatisée en période de rentrée, mais bien réelle toute l’année, la crise du logement touche bon nombre d’étudiants mais pas uniquement. Pourquoi une grande ville universitaire comme Bordeaux peine-t-elle tant à loger ses habitants ? Explication.



Le parcours du combattant
Prix exorbitants, logements de 16m 2 , quartiers excentrés…Insuffisantes sont les options pour permettre à beaucoup de vivre convenablement. L’an passé, les étudiants de l’Université Bordeaux Montaigne recevaient parfois des mails « d’appel à l’aide » jusqu’en novembre pour demander d’accueillir l’un des leurs, sans domicile et qui dormaient dans leur voiture en attendant de trouver une solution. Pour ceux qui n’ont pas eu ce malheur, il a fallu franchir le parcours du combattant, en trouvant un logement, évitant les arnaques, surmontant les problèmes de garants. « J’étais toujours super stressée. Pour chaque visite, il y avait environ 15 personnes qui convoitaient le même bien » se rappelle Jill, en troisième année à l’Université Bordeaux Montaigne. Il est vrai que Paris est souvent moquée et qu’il en devient ridicule de constater le prix des logements pour des endroits si exigus. Mais Bordeaux n’aura bientôt plus rien à envier à la capitale. Au-delà du prix, le problème peut également venir des propriétaires qui profitent de la situation, soit pour être très exigeants, mais parfois même pour arnaquer les futurs locataires. Pour Charline, c’est le souvenir de prises de tête interminables : « J’ai vraiment galéré. Je m’y suis prise en juin, mais je ne trouvais rien, tout était hors de prix… Quand ça ne l’était pas, c’était souvent des histoires pas très nettes, où je devais payer en cash. […] Les propriétaires nous demandaient de venir visiter en urgence, ce qui est impossible quand on ne vit pas dans la région ».

Résidence

Un manque de logement
L’un des premiers facteurs de cette crise est la croissance constante de la population bordelaise, l’une des villes universitaires dont le nombre d’étudiants augmente le plus par an. Selon les chiffres des années passées, pour 92 000 étudiants, la métropole ne comptait que 10 200 places en résidence universitaire (Crous Bordeaux Aquitaine), incitant alors les étudiants à se tourner vers le marché privé. Mais le marché privé est lui aussi saturé, puisque cette hausse de la population ne concerne bien sûr pas que les étudiants. Depuis quelques années, la croissance démographique est forte sur les littoraux atlantique et méditerranéen ainsi qu’autour des grandes métropoles de province. A en croire le rapport de l’INSEE de 2017, Bordeaux est la deuxième ville la plus dynamique avec +1,5% d’habitants par an, juste derrière Montpellier. Son seuil migratoire est positif, à savoir qu’il y a plus d’entrées sur le territoire que de sorties. Et cela se reflète sur le marché immobilier bordelais. Celui-ci, compte tenu d’une demande bien supérieur à son offre, ne permet pas de contenter tout le monde. Le studio ou le T1 sont les logements les plus recherchés par les universitaires (environ 52%). Cependant, Bordeaux compte 50% de studios par habitant de moins qu’à Lyon ou 70% de moins qu’à Toulouse. De plus, la plateforme en ligne Airbnb est accusée, par certaines agences immobilières, de louer de nombreux studios aux touristes, plus rentables pour les propriétaires. Les offres de logements entiers sur Airbnb représentent environ 6,6% des logements bordelais (près de 9 815 logements entiers) et il semblerait que beaucoup de locations sur Airbnb soient illégales car non enregistrées à la mairie. Un autre facteur qui rend les logements toujours moins accessibles à la population.

Déménagement

Un important problème de suroccupation
Autre facteur à prendre en compte : la « suroccupation » des logements. On parle de suroccupation lorsqu’il manque au moins une pièce à vivre par rapport à la norme d’occupation normale définie et beaucoup sont concernés par ce problème en Aquitaine, et particulièrement dans la métropole bordelaise. Ainsi, d’après les chiffres de l’INSEE, Bordeaux est largement au-dessus de la moyenne aquitaine puisque près de 11 % des résidences principales bordelaises sont suroccupées. Cela est lié à deux raisons. D’une part, le manque de logements plus grands ou d’autres part, le prix trop élevé de logements plus grands. Selon un rapport de l’UNEF, Bordeaux est la ville de France avec la plus importante inflation sur les loyers. Ce problème immobilier ne concerne donc pas que les étudiants, mais bien les ménages, qui vivent dans des espaces qu’ils ne devraient théoriquement pas occuper. Cela entraîne alors un cercle vicieux car ceux qui devraient occuper des T3 occupent des T2, ceux qui devraient occuper des T2 des T1 et ainsi de suite. Si on comprend parfaitement que ce problème n’est pas dû à une volonté mais à un manque de moyens, le fait est que les ménages occupant des logements trop petits pour eux empêchent les étudiants d’y avoir accès. Cependant, si vous êtes désireux d’acheter un logement dans la région ou même sur Bordeaux, les banques poursuivent leur politique de taux bas en ce début d’année 2021. Ainsi, les taux moyens dans la région Nouvelle-Aquitaine sont de 0,92 % sur 15 ans, 1,10 % sur 20 ans et 1,25 % sur 25 ans - assez identiques aux taux à l'échelle nationale.

Ecrit par Noémie Renard


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