Bordeaux
L’homme est parfois bourru et souvent furieusement individualiste mais il a du talent pour jouer avec les mots du parlé gasco-girondin qu’il a mis pendant 40 ans, plus ou moins selon l’humeur dans la bouche de ses personnages.
Devenu aujourd’hui "Inox", le lieu à l’angle de la rue des Capeyrans et de la rue Fernand Philippart s’est appelé Onyx pendant de très nombreuses années, en tant que Café Théâtre recevant ses spectateurs avec démarrage du spectacle sur l’immuable horaire de 20 heures 32, à part quelques exceptions ! L’Onyx a vu défiler des noms qui se sont révélés célèbres par la suite dans à peu près tous les domaines que ce soit en politique, dans le journalisme ou dans la chanson voire dans toutes les classes de la société car nombreux sont ceux qui se sont essayés au théâtre ou à la chanson dans ce lieu si particulier. Tout cela est très bien conté dans l’opuscule "ONYX, quarante ans de café théâtre" paru en 2007 (dix ans déjà) dans lequel on retrouve des textes d’Isabelle Mayereau, Alain Pages, Willy Dalley, Jean-François Meekel qui cite Jean-Paul Verdier, du regretté Gilbert Tiberghien et de bien d’autres avec de très nombreuses photos - un livre de référence à se procurer. On y découvrira les fabuleuses affiches de Michel Torrente ou d’Iturria et bien sûr une foule de renseignements sur l’activité culturo-théâtrale de la cité bordelaise. Guy Suire est donc non seulement un auteur qui se qualifie de "Pagnol du pauvre" ou de "Queneau de Bacalan" mais c’est d’abord et avant tout un militant de la culture avec ses 25 ans de chroniques, 40 ans de radio France et en mai 50 ans d’Onyx où il a créé de nombreuses pièces en tant qu’auteur, réalisateur, producteur, metteur en scène, parfois régisseur, éclairagiste ou décorateur et aussi un peu historien de toutes ces années extraordinaires.
Pour ces quatre jours de représentation, il reprend une de ses plus célèbres pièces, jouée plus de deux cent fois à l’Onyx, exactement 232 comme il le souligne lui même : "D’Artagnan, un gascon nommé désir" avec ses acteurs fétiches : Jean Bédouret, Béatrice Deplanne, Jean Marc Foissac, Frédéric Kneip, Thierry Rémi qui l’ont accompagné durant toutes ces années qui ont fait la gloire de l’Onyx chacun ayant campé un personnage phare d’une des quinze pièces écrites par Guy Suire la seizième co-écrite avec Gabrielle Russié et la dix-septième avec Guilleragues. Dans les murs de l’Onyx se sont jouées toutes sortes d’auteurs du plus classique comme Molière ou Racine au plus contemporaines avec les impromptus à loisirs d’Obaldia (Le défunt, Le sacrifice du bourreau) prouvant en cela que l’Onyx c’était avant tout de la scène et du théâtre au delà de ce d’Artagnan à l’expression particulière. Il ne faut pas oublier que l’Onyx s’est produit hors les murs en allant porter son spectacle des "Gueilles de Bondes" au contact des viticulteurs parfois à la demande du défunt Conseil Général qui ne fut jamais très généreux avec ce chantre de la vie locale girondine et du parlé bordeluche. Laissons à Noël Mamère écrire ce que le lieu est pour lui : " L’Onyx se fut la découverte d’Arrabal, d’Obaldia, de Beckett, ce furent Huchett, Balavoine, Mayereau, Bourgeix, Lillet... Et c’est surtout un ami, Guy Suire ; 35 ans de fidélité, 35 ans d’amitié. Et toujours ce désir fou de reprendre la guitare et de retrouver les tréteaux. Chiche !" Pourquoi pas maintenant qu’il a décidé d’abandonner sa carrière d’élu politique commençée à Libourne au côté de Gilbert Mitterrand en juin 1988.
17 - 18 - 19 - 20 mai 2017 à 20 h 32
Renseignements - Réservations 06 48 44 27 73
Salle Inox 11 - 13 rue Fernand Philippart BORDEAUX
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette