Bordeaux
En mai 1823, la troupe du duc d’Angoulême, les Cien Mil Hijos de San Luis (« les Cent Mille Fils de Saint Louis ») ainsi que les appellent alors les Espagnols, prennent Madrid dans le but de restaurer la monarchie absolue de Ferdinand VII. Une répression des libéraux qui avaient soutenu la constitution de 1812, en vigueur pendant le Triennat libéral, a alors immédiatement lieu. Goya de même que sa compagne Leocadia Weiss a peur des conséquences de cette persécution et part se réfugier chez un ami chanoine, José Duaso y Latre. L’année suivante, il demande au roi la permission d’aller en convalescence au balnéaire de Plombières-les-Bains, permission qui lui sera accordée.
Goya à Bordeaux
Goya arrive en été 1824 à Bordeaux et continue vers Paris. Il revient en septembre à Bordeaux, où il résidera jusqu’à sa mort. Son séjour en France n’a été interrompu qu’en 1826 : il voyage à Madrid pour finaliser les papiers administratifs de sa retraite, qu’il obtient avec une rente de 50 000 réaux sans que Ferdinand VII oppose quelque empêchement que ce soit.
Les commémorations bordelaises en son hommage, ont de tout temps marqué l’attachement de notre ville à cet artiste d’exception. Des médaillons et plaques ont fleuri dont celle de Mariano Benlliure dévoilée en 1920 sur l’immeuble du 57 cours de l’Intendance, dernier domicile de l’artiste, aujourd’hui Institut Cervantes, ainsi que le cénotaphe du cimetière de la Chartreuse, élevé à la mémoire de l’artiste en lieu et place de sa sépulture, dont les ossements retournèrent à Madrid … sans le crâne qui avait entre-temps disparu !
De très nombreux dessins
A Bordeaux, Goya va réaliser une multitude de dessins, maniant jusqu’à la veille de sa mort l’art du dessin lithographique, réalisant ainsi un véritable reportage urbain et des études sur les aliénés de l’asile bordelais de Saint-Jean.
Outre une série de dix planches à l’eau-forte parmi celles gravées d’après Vélasquez en 1778 et un exemplaire du Garrotté de la main de Goya, le cabinet des dessins du musée des beaux-arts de Bordeaux conserve une série de quatre lithographies intitulées les Taureaux de Bordeaux, scènes saisissantes d’effroi et de sauvagerie.
Une rue, une statue …
Outre le nom de l’artiste donné à une rue du quartier de la Croix-Blanche et l’imposante statue de Goya installée rue Mably, statue offerte par la ville de Madrid en 1995, il est plusieurs œuvres du musée des beaux-arts qui nous rappellent sa présence.
Celles de l’hommage à Goya, de 1885 d’Odilon Redon, en six planches lithographiques évocatrices mais aussi un portrait de Goya réalisé par André Brouillet, peint en 1894 d’après celui que Vicente Lopez réalisa en 1826, visible au musée du Prado.
Une œuvre à quatre mains …
- La Laitière de Bordeaux
- Francisco de Goya, La Laitière de Bordeaux, v 1825-1827, musée du Prado, Madrid
Goya a par ailleurs enseigné la pratique de la peinture et du dessin à sa fille naturelle, Rosario, issue de son union avec Leocadio Weiss qui l’accompagna dans son exil bordelais. De cet apprentissage semble être née un œuvre à quatre mains, « La Laitière de Bordeaux » (Musée du Prado).
Sa luminosité, ses touches juxtaposées, vibrantes et transparentes à la Vélasquez, expriment très explicitement la liberté retrouvée par Goya lors de son séjour bordelais.
(Sources : 101 objets et symboles qui racontent Bordeaux).
Ecrit par Dominique Mirassou