Pessac
Pour cette trente et unième édition ce Festival a pris la décision d’embrasser un siècle entier, le XIXème siècle soit du règne de l’empereur Napoléon Ier à Felix Faure passé de vie à trépas en galante compagnie.
C’est Alain Rousset qui a donné le coup d’envoi de ce 31ème Festival du Film d’Histoire de Pessac en précisant que la culture a été la première victime de la pandémie et il a précisé " Quel plaisir de vous retrouver après deux années ou la culture a souffert plus que tout autre secteur ". Pour cette cérémonie d’ouverture du Festival d’Alain Rousset à Jean Noël Jeanneney tous les orateurs ont souligné l’importance de ce XIXème siècle qui a vu s’épanouir progrès et inventions, de la machine à vapeur au cinématographe en passant par la photographie, mais aussi instabilité avec deux empires, trois monarchies et deux républiques. Une période marquée par la littérature avec des noms comme Victor Hugo, Balzac, Stendhal, Lamartine, Emile Zola, Maupassant, Gustave Flauber ou Jules Verne sans oublier Georges Sand avec de grands voyageurs rapportant les notes de leurs périples comme Edmond About auteur de l’Orient Express dont il expérimente le trajet pas encore totalement terminé. C’est l’époque ou journaliste et écrivain interchange leurs rôles à l’occasion donnant cette richesse culturelle qui a été le moteur de ce siècle de Marx à Miguel de Unamuno. C’est dire qu’une exploration de la filmographie liée au XIXème siècle peut être prolixe, ce qui donne 52 longs métrages sélectionnés par le délégué général Pierre-Henri Deleau, ce qui n’est pas rien car les choix sont éclectique de "Camille Claudel" à "Evariste Gallois" ce brillant mathématicien que peu de gens connaissent, ou de "Lautrec" à "Little Big Man" voire de "La Ruée vers l’or", film muet de Charlie Chaplin à "La vie Passionnée de Vincent Van Gogh". Il serait bien étrange que vous ne soyez pas attiré par un quelconque film qui pour certains pourraient évoquer des souvenirs de jeunesse.
- Sylvain Veynayre devant le tableau qui a inspiré son discours
Cette inauguration a permis aux spectateurs de suivre une magnifique conférence de Sylvain Veynayre qui est un historien français, spécialiste du XIXᵉ siècle et de l’histoire des représentations, professeur d’université, il est également essayiste et scénariste de bande dessinée et c’est sous le titre « Où va le XIXème siècle ? » qu’il nous a parlé de ce siècle en s’appuyant sur un tableau de John Gast, "American Progress" peint en 1872. Il a détaillé son propos à partir de chaque éléments figuratif de ce tableau dans lequel le soleil se lève à l’Est et le déplacement se fait vers l’Ouest évoquant ce mouvement de déplacement à la conquête de l’Ouest accompagné des diligences et surtout du chemin de fer qui reste le grand moyen de déplacement de ce siècle ayant inspiré ce titre du Festival Le XIXème siècle à toute vapeur. Après avoir décrit tout l’apport de ce XIXème à notre civilisation transformant les rapports humains et la naissance du monde ouvrier qui va modifier les relations avec la bourgeoisie et le monde paysan inspirant des mouvements philosophiques nouveaux avec l’apparition des socialistes utopistes et surtout la prose de Marx qui va profondément influencer les positions des uns et des autres avec deux révolution supplémentaires en France (1830 et 1848), un coup d’Etat (1852) et un premier conflit avec le voisin allemand. On peut laisser la parole à Jean-Noël Jeanneney en forme de conclusions : Les progrès de la science et des techniques portant, avec la Révolution industrielle, d’impressionnantes ambivalences : à la fois des chances d’émancipation par rapport au poids atavique des travaux quotidiens et l’émergence d’un prolétariat soumis, corps et âmes, aux plus impitoyables duretés pour ce siècle qui a avancé l’horloge de l’histoire.
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Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette