Bordeaux
Souvent cité ou évoqué, notamment à travers ses châteaux, le fameux Prince Noir reste cependant assez peu connu des bordelais. Descendant d’Aliénor d’Aquitaine, il régna avec faste sur l’Aquitaine et sur sa capitale, Bordeaux …
Un farouche combattant
Elevé dans un esprit chevaleresque à la cour d’Angleterre, le Prince Noir, Edward de Woodstock, duc de Cornouailles et prince de Galles va ensuite guerroyer sur les terres de France pour le compte de son père, le roi d’Angleterre Edward III.
Le jeune prince fait preuve d’un courage admirable et d’une grande présence d’esprit, allant jusqu’à sauver la vie de son père dans une embuscade près de Calais. Au cours de l’une de ses chevauchées, à la bataille de Poitiers, le 19 septembre 1356, avec l’aide des seigneurs gascons, il capture le roi de France Jean II le Bon, le ramène à Bordeaux sous bonne escorte et l’enferme dans les dépendances de l’archevêché, avant de l’envoyer à la Tour de Londres.
Le roi Edward III va en récompense élever le duché d’Aquitaine en principauté et l’offrir à son glorieux fils.
Une cour somptueuse
Bordeaux devient ainsi la capitale d’une province s’étendant de Saintes à Bayonne incluant aussi le Limousin. Les chevauchées du prince vont ruiner de nombreuses provinces du royaume de France et faire la fortune, le bonheur et la gloire de Bordeaux. Toutes les couches de la société profitent de la manne : la noblesse qui récupère terres et châteaux, les bourgeois par le commerce du vin, le clergé en augmentant ses domaines et ses perceptions de dîme, le petit peuple en bénéficiant des miettes de cette opulence.
En 1362, le Prince Noir épouse sa cousine, la duchesse Jeanne de Kent. Le couple tient alors à Bordeaux et dans les châteaux environnants « la cour la plus somptueuse de toute la chrétienté » (Chronique de Froissart). Chaque retour de bataille victorieuse donne alors l’occasion de grandes fêtes où il est dit que nobles anglais et gascons s’ébattent et jouent avec les bourgeois et dames de la ville. L’archevêque bénit et reçoit somptueusement les vainqueurs. Maire et jurats participent grandement aux festivités. Après chaque chevauchée, ce sont de longues files de chariots chargés d’or et d’autres richesses, suivies des prisonniers capturés et bientôt échangés contre rançons, qui pénètrent dans la ville.
Froissart dira d’ailleurs : « l’état du prince et de madame la princesse (Jane de Kent) était si grand et si étoffé que nul autre prince ni seigneur, ne s’accomparait au leur » .
Prince Noir ?
L’origine de l’appellation de Prince Noir reste mystérieuse, plusieurs hypothèses sont évoquées : la couleur de son armure ? La terreur qu’il inspirait sur les champs de bataille ? Autant d’hypothèses plausibles, d’autant que comme souvent, l’appellation de Prince Noir ne sera pas utilisée à l’époque. Il faudra attendre 1599 et William Shakespeare pour que ce surnom apparaisse dans les livres d’histoire et se popularise.
Lors de la guerre de Castille, dont les conséquences mécontenteront les seigneurs, à la tête d’une imposante armée composée d’Anglais, de Castillans, d’Aragonais, de Navarrais et de seigneurs gascons, il va contracter les germes d’une grave dysenterie. En janvier 1371, malade il quitte Bordeaux. Son départ donne lieu à des scènes de désarroi, le maire, les jurats, les bourgeois, le peuple viennent le saluer et assister au départ du bateau, nombreux pleurent déjà leur fortune.
Le fils du Prince Noir, Richard, futur Duc de Bordeaux et roi d’Angleterre est bien sûr du voyage. Le Prince Noir décède à 45 ans, le 8 juin 1376, le roi Richard II d’Angleterre, né à Bordeaux, a tout juste 9 ans.
Sources : Histoire des Maires de Bordeaux et Les Illustres de Bordeaux Dossiers d’Aquitaine.

Ecrit par Dominique Mirassou
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