Rauzan
À la cave coopérative de Rauzan, les vendanges rythment l’activité et les réflexions stratégiques. Depuis son élection à la présidence en mars 2025, Thomas Solans insiste sur la nécessité de concilier tradition viticole, innovations techniques et adaptation aux marchés. L’entretien mené dans les chais éclaire les enjeux actuels, de la diversification des gammes aux défis de la commercialisation.
Nouveaux profils de vins
La cave développe des cuvées plus légères comme le "Chill Merlot", adaptées aux évolutions de consommation. Un rouge autour de 10,5 % vol., destiné à être servi frais, fait partie des nouveautés. « Ça se boit autour de 8 degrés, entre 6 et 8. Plus c’est frais, plus on perd en arômes, mais quand il fait chaud, la fraîcheur est recherchée », explique Thomas Solans.
Les moelleux rencontrent un succès croissant, positionnés autour de 20 à 25 g/L de sucres résiduels, bien distincts des liquoreux. « On est sur des moelleux, pas des liquoreux », insiste le président, précisant que ces vins reposent souvent sur le sauvignon gris. D’autres expérimentations émergent : jus pétillant, usage du verjus pour équilibrer l’acidité, ou encore un claret, rouge léger légèrement sucré (7 g/L).
- Cave de Rauzan
- 701 Rue Vineuse, 33420 Rauzan
Pratiques de chai et élevage
Chaque benne de vendange fait l’objet d’analyses (degré, acidité, état sanitaire) afin d’orienter les vinifications. La cave dispose de quais distincts pour le bio et le conventionnel, et privilégie le travail par gravité, limitant les remontages mécaniques.
L’élevage en barrique reste une étape clé, avec des durées allant de 7 à 18 mois. « Une barrique vaut entre 600 et 900 euros », rappelle Thomas Solans, qui souligne la nécessité d’optimiser leur utilisation, parfois en alternant blanc et rouge. Si en France, certains consommateurs se détournent des profils boisés, à l’international, notamment en Amérique du Nord, la demande reste forte.
- Cave de Rauzan
Débouchés et répartition vrac-bouteille
La coopérative revendique environ 240 adhérents et une organisation tournée vers le vrac. « Sur le chiffre d’affaires, la bouteille représente environ 30 % », précise Thomas Solans. Les volumes sont écoulés via les négociants, partenaires comme TDV et Producta, ou encore l’export, en particulier vers le Canada (Québec) et la Chine.
La grande distribution reste un relais essentiel, notamment avec Carrefour. Le président reconnaît toutefois les difficultés liées à la contraction du marché : « Avant, quand ça se vendait bien, il n’y avait pas de souci. Maintenant que les ventes se restreignent, c’est plus compliqué. »
Emploi et gouvernance
La cave emploie 37 permanents, soit environ 46 équivalents temps plein en incluant les saisonniers. Dans son rôle de président, Thomas Solans met en avant deux priorités : redonner de la valeur ajoutée et accompagner les viticulteurs dans la diversification. Variétés résistantes, cépages comme le colombard ou le petit verdot sont évoqués pour mieux répondre aux aléas climatiques et aux attentes des marchés.
Sur le volet environnemental, la cave est labellisée « vigneron engagé » en RSE. Le président admet cependant que le bilan carbone reste à améliorer : déplacements en voiture et absence de matériel électrique freinent encore la progression.
- Cave de Rauzan
Oenotourisme et vie locale
L’activité ne se limite pas à la production. La cave coopérative cherche à attirer davantage de visiteurs et à développer la vente directe. La « Ronde des Caves », organisée le 1er week-end d’octobre avec 9 coopératives de régions différentes, accueille environ 9 000 participants. Une brocante est prévue le week-end suivant.
Ces événements sont l’occasion de renforcer la communication. Des partenariats sont envisagés avec France Bleu Gironde pour proposer jeux et lots de bouteilles. « On capte le plus quand on est à la Récréation Gourmande, parce que les gens vivent une expérience », note Thomas Solans. La coopérative mise aussi sur ses dégustations, ses visites hebdomadaires et des animations conviviales (repas, banda, huîtres, entrecôtes).
La vente directe reste freinée par les coûts logistiques : une livraison peut représenter jusqu’à 25 % du prix de la bouteille, rendant l’offre peu compétitive. L’oenotourisme apparaît donc comme un axe stratégique pour consolider la relation avec la clientèle locale et touristique.

Ecrit par Patrick Delhoume
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