Contexte national et régional : une dynamique essoufflée

Alors que la zone euro commence à sortir timidement de l’atonie, tirée temporairement par un regain de commerce mondial au début de l’année, la France reste à la traîne. Au niveau national, l’activité économique ne progresse que de 0,1 % au premier trimestre. La consommation des ménages reste faible et l’épargne atteint un sommet inédit depuis 45 ans. Dans ce contexte, la croissance française en 2025 est prévue à +0,6 %, contre +1,1 % en 2024.

En Nouvelle-Aquitaine, le repli s’amplifie : l’activité économique, mesurée par les heures rémunérées, recule de 0,8 % par rapport au premier trimestre 2024, soit davantage que la moyenne nationale (-0,6 %). Tous les secteurs sont touchés, du commerce à la construction, en passant par l’industrie et les services.

Baisse d’activité dans tous les grands secteurs

Construction
Déjà affaiblie depuis plusieurs trimestres, l’activité dans la construction poursuit son recul : -2,6 % sur un an. Le nombre de logements commencés diminue de 4,6 %, avec une baisse marquée dans le collectif (-6,2 %). Le secteur détruit plus d’un millier d’emplois salariés en trois mois (-0,8 %), et les créations d’entreprises reculent de 2,9 %.

Industrie
L’industrie régionale enregistre un recul inédit depuis quatre ans (-0,7 % sur un an). Si certains secteurs comme la fabrication de matériels de transport (+2,2 %) ou la gestion de l’énergie (+1,3 %) restent dynamiques, ils ne compensent pas la baisse plus générale. L’emploi salarié industriel demeure cependant stable. Les créations d’entreprises industrielles plongent de 4,1 %, contre -1,5 % au niveau national.

Tertiaire
Le secteur tertiaire régional recule de 0,6 %, en raison d’un affaiblissement du tertiaire marchand (-0,8 %) que le léger dynamisme du tertiaire non marchand (+0,4 %) ne suffit plus à compenser. L’emploi salarié reste stable, porté par les secteurs non marchands.

Dans le détail :

Le commerce continue de se contracter (-1 %), bien que l’emploi y tienne.

Les services immobiliers chutent de 3,4 %, tout comme l’information et la communication (-3,7 %), avec chacun 200 emplois supprimés.

Les services financiers (+1,1 %) et les activités scientifiques parviennent à créer de l’emploi.

L’hébergement-restauration se stabilise, malgré une baisse de l’emploi de 0,5 %.

Emploi et chômage : stabilité fragile

L’emploi salarié total recule très légèrement dans la région (-0,1 %, soit 2 900 postes supprimés), une évolution comparable au reste du pays. Les pertes dans la construction et l’intérim sont en partie compensées par les embauches dans le secteur non marchand. Le taux de chômage augmente d’un dixième de point pour atteindre 6,6 % en Nouvelle-Aquitaine, toujours inférieur à la moyenne nationale (7,2 %).

Créations d’entreprises : la baisse se poursuit

La dynamique entrepreneuriale continue de s’essouffler. Au premier trimestre 2025, les créations d’entreprises diminuent de 1,0 % par rapport au trimestre précédent. Les micro-entrepreneurs, qui avaient soutenu la dynamique fin 2024, fléchissent également (-0,9 %). La baisse est plus marquée dans l’industrie et la construction, secteurs déjà fragilisés.

Tourisme : recul marqué de la fréquentation hôtelière

La fréquentation des hôtels néo-aquitains chute de 4 % en un an, une baisse deux fois plus forte qu’au niveau national. La clientèle française (90 % des nuitées) se replie, notamment dans le segment affaires (-11 %), particulièrement dans la métropole bordelaise (-15 %). Le tourisme étranger baisse également (-8 %), avec un effondrement des nuitées britanniques (-56 %) et espagnoles (-26 %). Seuls les touristes américains marquent une progression (+près de 100 %), mais leur poids reste limité.

Perspectives : prudence de rigueur

L’Insee anticipe une poursuite de la fragilité économique au cours de l’année 2025, dans un contexte national peu porteur et un environnement international incertain. La croissance française devrait rester modeste (+0,2 % par trimestre), avec un chômage attendu en hausse. Pour la Nouvelle-Aquitaine, l’essentiel des ajustements semble passer par l’emploi, la consommation restant contrainte et les signaux de redémarrage rares dans les secteurs productifs. Le deuxième trimestre sera crucial pour confirmer ou non un éventuel retournement de tendance.

Plus d’infos : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8590017