Biographie et actions marquantes

Vital Carles est originaire de Villenave-d’Ornon, au sud de Bordeaux. Issu d’une famille aisée, il consacre sa vie au service de l’Église en tant que chantre et chanoine de la cathédrale Saint-André. Observant les lacunes des hospices existants à Bordeaux, souvent détournés de leur mission première par des confréries ou des clercs peu scrupuleux, il décide de fonder une nouvelle institution dédiée aux pauvres et aux pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Ainsi, le 24 décembre 1390, il rédige un testament en gascon léguant à la ville deux maisons et un vaste jardin pour la création de l’« Hospitau Sent Andrieu ». Il y affecte également plusieurs terres dont les revenus assurent le fonctionnement de l’hôpital. L’établissement, doté de vingt-six lits, est placé sous la protection du maire et des jurats de Bordeaux, garantissant ainsi son indépendance vis-à-vis du clergé local. Vital Carles en devient le premier hospitalier et dirige l’institution jusqu’à sa mort le 15 mars 1398.

Impact sur la ville et son patrimoine

La fondation de l’hôpital Saint-André par Vital Carles a eu un impact significatif sur Bordeaux. En offrant des soins aux plus démunis et aux pèlerins, l’hôpital est rapidement devenu un pilier du système de santé local. Son emplacement stratégique à proximité de la cathédrale Saint-André facilitait l’accès aux soins pour les habitants et les voyageurs. De plus, en plaçant l’hôpital sous la protection des autorités municipales plutôt que sous celle du clergé, Vital Carles a assuré une gestion laïque de l’établissement, préfigurant ainsi une séparation des pouvoirs religieux et civils dans la gestion des œuvres de charité. Cette initiative a également renforcé le rôle des autorités municipales dans la supervision des institutions de bienfaisance, contribuant à l’évolution de l’administration publique à Bordeaux.​

Par ailleurs, la famille de Vital Carles a laissé une empreinte durable sur le patrimoine architectural de la région. Elle est notamment associée au château de Carles, situé dans l’actuelle commune de Saillans en Gironde. Ce château, dont les premières pierres ont été posées pendant la guerre de Cent Ans, a pris sa forme fortifiée actuelle au début du XVe siècle sous la propriété de la famille de Carles. Au XVIIe siècle, le château est devenu un lieu de rassemblement pour les penseurs et les figures littéraires de l’époque, renforçant ainsi son importance culturelle dans la région.

Controverses et débats liés à son rôle

La fondation de l’hôpital Saint-André par Vital Carles n’a pas été sans susciter des oppositions. Le clergé local, voyant d’un mauvais œil la création d’une institution échappant à son contrôle direct, s’est fermement opposé à cette initiative. Cette résistance a été telle qu’elle a nécessité l’intervention de l’archevêque de Bordeaux, Francisco degli Uguccioni, et, selon certaines sources, celle du pape Boniface IX, ancien sacristain de Saint-André. Ces interventions ont permis de surmonter les obstacles et d’assurer la pérennité du projet de Vital Carles. ​

Héritage et importance de Vital Carles dans la mémoire bordelaise

L’héritage de Vital Carles est encore visible dans le Bordeaux contemporain. La rue Vital-Carles, une artère importante du centre-ville, porte son nom en hommage à son engagement pour la communauté. Cette rue, située dans le quartier de l’Hôtel de Ville, descend vers la cathédrale Saint-André, symbolisant le lien entre l’œuvre de
Vital Carles et le cœur historique de Bordeaux.

De plus, l’hôpital Saint-André, bien que transformé au fil des siècles, demeure un symbole de l’engagement social et humanitaire de la ville. La vision de Vital Carles d’une institution dédiée aux soins des plus vulnérables a jeté les bases d’une tradition de bienfaisance et de solidarité qui perdure à Bordeaux. Son initiative a également inspiré d’autres philanthropes et a contribué à l’essor d’institutions similaires dans la région.​

Vital Carles incarne une figure majeure de l’histoire bordelaise. Son dévouement envers les plus démunis et sa vision progressiste de la gestion des œuvres de charité ont laissé une empreinte indélébile sur la ville. Son héritage, tant matériel qu’immatériel, continue d’influencer la société bordelaise contemporaine, rappelant l’importance de l’engagement individuel au service du bien commun.