Bordeaux
Interviewé par Maaiké Hamerlinck, chargée de production artistique à l’Institut Culturel Bernard Magrez, JonOne et Maï Lucas ont présenté leur exposition à l’Institut, au cours d’une nuit du savoir. Le graffeur américain et la photographe française ont détaillé leur travail qui peut se décrire en itinéraires croisés entre New-York et Paris.
JonOne de son vrai nom John Andrew Perello aurait pu devenir avocat ou médecin car tel était le choix de ses parents mais ce n’était pas son choix personnel préférant l’ambiance de la rue à celle d’une école un peu stricte. Pourtant ses parents d’origine dominicaine et immigrés à New Yok lui ont fait fréquenter les meilleurs écoles mais John était obsédé par la reconnaissance de son existence individuelle pour survivre au delà de la mort qui l’obsédait dès son plus jeune âge. Lors de cette nuit du savoir il a bien confirmé qu"il était devenu graffeur par amour pour Rosanna, car si au départ il ne taguait que Jon 156 il se mit à taguer "Jon loves Rosanna" et ainsi Rosanna est devenu sa première conquête avant d’ajouter dans un souffle "la salope elle m’a trompé". La petite amie est partie mais le graffe est resté et dès 1979, il a alors 16 ans le graffiti devient pour lui une manière de vivre au quotidien ou à cette époque la question se posait déjà avec acuité de savoir si le graffe était du vandalisme ou de l’art pictural.
Mais à New-York un graffeur se fait un nom pendant six mois et après il n’existe plus. Malgré tout en se répandant partout avec une activité débordante il va tenir six ans en taguant "comme un malade" avec l’obsession d’exister et de garder l’estime de soi. Il n’avait pas voulu d’un travail, d’un joli costume et d’une jolie maison il fallait alors, pour lui vivre sa liberté et cela va le conduire à Paris en 1987 après avoir cotoyé A-One un Newyorkais comme lui qui l’a ouvert à la fréquentation des musées. Il va se retrouver à l’Hôpital Ephémère à cotoyer de nombreux artistes et c’est là que Maï Lucas photographe stagiaire qui débute va le croiser alors qu’elle s’apprête à partir pour New York à la rencontre de la culture hip hop mais leur histoire ne s’arrétera pas là car aujourd’hui ils vivent ensemble et ont deux filles, ce qu’ils n’ont pas précisé lors de cette nuit du savoir, mais cela a-t’il une importance car ce qui compte c’est leur identité d’artiste.
Bernard Magrez leur a remis les clés du château afin qu’ils le décorent à leur manière pour une exposition qui va se tenir jusqu’au 23 août 2015 avec la jaguar 1967 de la collection privée de Bernard Magrez décorée par JonOne qui trône devant l’Hôtel Labottière en ouverture de cette exposition. Les graffes de JonOne sont rehaussés des photos de Maï Lucas qui donnent une identité à cette culture du Street Art dont les initiateurs furent à l’origine français et repris par la culture Hip Hop, expression musicale née à New-York dans les années 1970 fruit souvent des quartiers pauvres. Se sont souvent ceux qu’on dénomment "latinos" qui ont donné force et vigueur à cette culture qui touche à des modes d’expressions très différents qui en font sa richesse et dont le tatouage longtemps interdit aux Etats Unis n’en n’est pas la moindre.

Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette
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