Alain Juppé et Alain Rousset sont assez matois pour comprendre ce que cache cet article 49 qui ouvre la porte à la privatisation de deux aéroports supplémentaires après la lamentable affaire de Toulouse Blagnac où l’Etat a peut être vendu son âme au diable. Vu la somme investie par les chinois le retour sur investissement commencera à se faire à partir de vingt millions de passagers/an et il n’est pas sur, mais pas sûr du tout que cet aéroport urbain supporte une telle contrainte. "Si vis pacem, para bellum" c’est un peu ce que les opérateurs historiques de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac se sont dit et c’est ce qu’ils ont répété à l’unisson au cours de cette conférence de presse dans le cadre inédit du Musée d’Aquitaine. Pierre Goguet, président de la Chambre de Commerce a ouvert le feu de cette conférence de presse en précisant " on n’a pas besoin d’un manager externe pour nous apprendre à gérer l’aéroport ". L’aéroport sous la direction de Pascal Personne a du reste dégagé six millions de bénéfice en 2014 et c’est quand même six milliards d’activités induites donc pour Pierre Goguet il faut garder le contrôle stratégique de l’aéroport.

C’est Alain juppé qui s’est exprimé ensuite en rappelant que l’aéroport a été bien géré et bien développé par Pascal Personne, que l’aéroport est un outil de développement de la région Aquitaine, de toute la région Aquitaine et qu’il a su prendre les devants face à l’arrivée de la LGV pour ne pas souffrir d’une perte de fréquentation. Le site de Mérignac est un pôle de développement industriel à forte dimension militaire comme l’a démontré la visite de François Hollande lors de sa visite aux usines de fabrication du Rafale. La pensée d’Alain Juppé est ainsi résumée en ces mots : On n’a pas envie de perdre la main et il faut rester majoritaire au niveau du capital . Alain Rousset lui n’y va pas par quatre chemins car pour lui l’aéroport est un atout de développement économique essentiel, d’autre part les 2/3 du prix d’un avion sont réalisés en Aquitaine entre formation, sous-traitance, entretien et maintenance, pour lui le modèle toulousain est inquiétant. Je suis totalement hostile à la privatisation. Cet outil doit rester dans le domaine public . Alain Anziani précise que cet aéroport bénéficie du label confidentiel défense car il n’est pas civil au sens strict dans la mesure ou il héberge le commandement des Forces Aériennes et 3.000 militaires ainsi que des Industries Stratégiques comme Dassault, Safran et Thales. Pour Alain Charrier qui représentait le Conseil Général, ce dernier a aussi précisé que le département était très attaché à cet outil qu’est l’aéroport , ce qui témoigne d’une belle unanimité sur le sujet. On a bien senti que sur ce problème Alain Juppé est en parfait accord avec la position d’Alain Rousset surtout en cette période où Bordeaux vient de décrocher le titre de destination européenne préférée et on sait bien que les investisseurs privés se moquent du développement des territoires. Après Toulouse, avec Lyon et Nice va-t’on assister au dépeçage des activités économiques lucratives pour les territoires ? On se mord les doigts aujourd’hui d’avoir vendu les autoroutes car on a vendu au privé une source de revenus, alors attendons la suite !