Bordeaux
C’est en lieu et place du célèbre château Trompette, forteresse de sinistre mémoire, érigée au XVème siècle et détruite sous la Restauration (1818), que fut aménagée l’esplanade des Quinconces que tous les bordelais connaissent et fréquentent en diverses occasions.
Jean-Baptiste Dufart
Après la destruction de ce symbole de l’obscurantisme d’Etat selon les bordelais, de nombreux projets d’aménagement des lieux furent mis à l’étude avant que celui de Jean-Baptiste Dufart soit choisi et que l’accès au fleuve à cet endroit soit de nouveau rendu possible. Une longue promenade formant un immense balcon sur le Port de la Lune et au-delà sur les coteaux de la rive droite fut ainsi réalisée par le Directeur des travaux de la ville.
D’emblée et dès sa mise en œuvre, l’intégrité de cet immense espace suscita la controverse. De nombreuses propositions pour lotir l’esplanade furent faites, les lieux furent ainsi occupés de manière permanente par des bains privés aujourd’hui détruits.
Expositions et Fête des Vendanges
Un « éphémère casino » conçu par l’architecte Gervais, ouvrit en 1894 sur les allées d’Orléans et cohabita l’année suivante avec l’exposition Universelle qui se tint sur la place des Quinconces.
En 1907, l’Exposition Internationale y fut à son tour organisée et, en 1909, la Fête des Vendanges en tous points exceptionnelle et mémorable déchaîna sur ce bel emplacement une grande liesse populaire.
Les Foires …
Après la première Guerre mondiale (1914-18) les Quinconces furent essentiellement utilisés pour accueillir les traditionnelles « foires aux plaisirs » de mars et d’octobre, la Foire Internationale avant qu’elle rejoigne le quartier du Lac, et plus tard les salons des antiquaires toujours présents aujourd’hui. Ces rendez-vous commerçants et festifs viennent renforcer et confirmer la tradition bordelaise d’une ville de négoce et d’échange.
La Place
Grand drap néoclassique semblant pouvoir être emporté les jours de grand vent, il est heureux que les lieux n’aient jamais été dénaturés par quelque construction que ce soit.
Face aux quais tout proches, les colonnes rostrales de Poitevin (1829) viennent recadrer la vue sur le fleuve. Ces deux élégants fûts de 21m de hauteur en forme de phares garnis de rostres (proues de navires) et d’ancres marines, supportent les allégories du Commerce et de la Navigation grâce aux travaux de Bonino et de Monsau.
Magnifique illustration de la vocation portuaire et négociante de Bordeaux, ces deux « phares » récemment ravalés font face au Monument des Girondins apparu plus tardivement (1893). Quant aux statues de Montaigne et de Montesquieu, seraient-elles là pour surveiller les lieux ? Elles ont été installées sur les lisières arborées de la place en 1858.
Le nom de Quinconces …
Lié au départ à un projet de plantation des arbres en quinconces, le projet a été démis au profit de rangées d’arbres parallèles et de longues allées longitudinales sur les promenades latérales.
Au fil du temps un profond changement de l’organisation des masses végétales a eu raison de la composition végétale des lieux. De Quinconces, il ne reste plus que le nom de la place.
En 1838, de passage à Bordeaux, Stendhal dira apprécier cette sublime promenade…
(Source : 101 objets et symboles qui racontent Bordeaux).
Ecrit par Dominique Mirassou