Bordeaux
A peine quelques semaines avant l’exécution des députés girondins, alors que la ville de Bordeaux essaie sans grand succès de rester en dehors des excès liés aux événements révolutionnaires, les commissaires du peuple vont devenir les maîtres absolus de notre Cité, la guillotine va reprendre du service et la « Terreur » régner sur la ville.
L’ex place Dauphine, rebaptisée place Nationale, la « montagne » de Bordeaux devient le lieu symbolique de la Terreur montagnarde. La guillotine est installée au n°10 de la place Nationale, dans un renfoncement de la façade. Les condamnés sont essentiellement les insurgés « fédéralistes » qui ont tenté de soulever la ville après la proscription des Girondins de la Convention. Mais aussi des prêtres réfractaires, et une trentaine de négociants inculpés de « crime contre le peuple » en cette période de disette, ils sont accusés d’avoir spéculé sur le cours des biens alimentaires.
- La guillotine était installée au n°10 de la place Gambetta
301 exécutions capitales vont se dérouler à Bordeaux en 298 jours, les nobles y sont en minorité … C’est beaucoup, mais cependant bien moins qu’à Nantes (10000 morts) et Lyon (1700), où les commissaires Carrier et Fouché mènent une répression sanglante. Jean-Lambert Tallien, envoyé à Bordeaux en octobre 93 par la Convention, est d’ailleurs rapidement rappelé à Paris pour justifier d’un trop grand nombre d’acquittements.
Thérésa Cabarrus, ou Thérésia Cabarrus, souvent appelée Madame Tallien (nom de son deuxième époux), est née le 31 juillet 1773, au palais de San Pedro à Carabanchel Alto, près de Madrid, morte le 15 janvier 1835, au château de Chimay, dans l’actuelle Belgique, est une salonnière française et une femme d’influence sous la Révolution française.
Bien qu’aristocrate, elle adhère aux idéaux des Lumières, ainsi quand les Jacobins instaurent la Terreur, elle doit fuir Paris. En 1793, elle se réfugie à Bordeaux dans sa famille. Comme nombre de ses amis Girondins, elle est arrêtée mais, le représentant de la Convention dans la ville, Jean-Lambert Tallien, qu’elle a demandé à rencontrer, tombe sous son charme et la fait libérer. Usant de de son influence auprès de lui elle va parvenir à sauver de la guillotine de nombreux Bordelais, d’où son surnom de « Notre-Dame de Bon Secours ».
En juillet 1794, soupçonné de mollesse, Tallien est convoqué à Paris et Thérésa est arrêtée. Alors qu’elle va être guillotinée, elle exhorte son amant à agir, elle le traite de lâche. Il se décide alors à entrer dans une conspiration qui se dessine contre Robespierre et, le 9 Thermidor, il prend une part décisive à l’Assemblée dans l’affrontement qui fait tomber le grand révolutionnaire. Thérésia devient alors « Notre-Dame de Thermidor ».
Dans son château, elle tient un salon où se pressent les artistes et les muses du nouveau régime, Joséphine de Beauharnais, Juliette Récamier, etc. Elle est l’une des reines de ces Merveilleuses qui célèbrent la fin de la rigueur révolutionnaire par leurs tenues et leurs mœurs « légères ». Elle dédaigne la cour empressée d’un jeune officier manquant de manières, Napoléon Bonaparte, lui préférant Ouvrard, le richissime fournisseur des Armées.
- Les appartements de Thérésia Cabarrus, cours de Verdun
Quand arrive la Restauration, malgré son passé d’égérie révolutionnaire, son âge et ses six enfants de paternités diverses et incertaines, elle parvient à séduire un fervent monarchiste, le prince de Chimay, François Joseph de Riquet de Caraman.
Thérésia Cabarrus vécut au 23 cours de Verdun, pourtant rien aujourd’hui ne l’indique, elle n’a pas eu droit à une statue, une rue seulement porte son nom.

Ecrit par Dominique Mirassou
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