Bordeaux

Littérature : Jean Rasther, une plume bordelaise, le voyage au cœur.

Toulousain d’origine mais bordelais d’adoption, Jean Rashter s’est nourri des voyages mais a gardé, toujours en filigrane, un attachement profond à la Belle Endormie. Entre amour et réflexions, il plante ses décors à Bordeaux et rend hommage à une terre d’accueil inspirante.



Enseignant en lettres, Jean Rasther de son nom de plume, est passé par la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie avant de ramener ses valises en terres bordelaises. C’est, confie-t-il, à un de ses professeurs qu’il doit, depuis sa prime jeunesse, le goût de la littérature et la création point déjà à l’adolescence avec la publication d’un recueil de poèmes. Son activité d’auteur qu’il couple à celle de transmission, trahit une passion dévorante pour les mots. Et, depuis 2018, l’auteur est plus que prolifique, il est intarissable. Trois romans, trois fils tirés autour de sa ville d’adoption, trois naissances viscérales qu’il livre coup sur coup. « Le premier, l’Amant d’éternité, se déploie entre la Polynésie et l’Islande mais Bordeaux reste un carrefour où passe le narrateur. Le deuxième, les Métamorphoses d’un vampire se passe dans la ville et jusqu’au Cap Ferret et si le troisième, Palazzo Amadio, se déroule à Venise, le personnage décide de passer par la Belle Endormie également » décrit Jean. Clin d’œil sempiternel à une ville qu’il aime et à laquelle il rend hommage, le décor n’est pas le seul point commun que ses ouvrages entretiennent.

Trois romans

Des femmes, centrales, puissantes, destructrices parfois et des sentiments exacerbés qui font découler des questionnements sur le temps qui passe, les apparences, la réalité des choses, les masques ; des réflexions sur la beauté, la résilience, le rêve et le retour à la réalité… Bref, des pensées du temps qui se chevauchent et s’entremêlent. « Dans l’Amant d’éternité, c‘est une relation amoureuse entre deux femmes et un homme, des personnages qui se rapprochent en un lien puissant qui les guidera, pour l’une d’entre elles, jusqu’à la mort. Les Métamorphoses, contrairement à ce que le titre laisserait à penser, ne parle pas de vampire mais d’une femme. Diabolique, elle tisse sa toile autour des hommes pour les détruire. » détaille-t-il. Si un énième point commun entre les trois œuvres réside dans le travail accordé à l’écriture qui doit être pour Jean Rasther « riche et symbolique », les hommages qu’il rend aux grands écrivains sont légions. « Mes modèles sont Proust, Baudelaire ou encore Rodenbach et son chef-d’œuvre Bruges-la-Morte. Je fais référence au Petit Prince de Saint-Exupéry dans le premier qui est pour moi un des plus beaux romans de la langue française, à Balzac pour le sous-titre du deuxième et à un poème de Baudelaire dans le second au sein duquel il raconte la nuit d’amour qu’il passe avec une femme merveilleuse et, en lieu et place, quand il se réveille, il trouve une outre pleine de pus. » La mort, la noirceur et la mélancolie, thèmes symboliques s’il en est, sont usés et malaxés pour en ressortir, des tréfonds, la beauté.

Les Metamorphoses d’un vampire

Écrit en 15 jours, les Métamorphoses d’un Vampire est une catharsis pour l’auteur qui se détourne de ces femmes destructrices grâce à une écriture travaillée, qui rend cette beauté maîtresse jusque dans le texte et dans les visuels. Les couvertures des romans, tour à tour croquis d’un grand nom de la peinture que l’auteur a la chance de collectionner ou tableau d’un ami, reflètent le lointain, un regard perdu sur l’infini. « Mon ami Louis Treserras a choisi une jeune femme, Élise, comme modèle. Elle correspond en tous points à Sarah, le personnage des Métamorphoses et son regard porte en lui une menace. Elle est « fiu » comme on dit en Polynésie, c’est un état de relâchement de la pensé et de l’esprit. C’est un superbe portrait de femme, très ambivalent, entre apparence et réalité. On la retrouvera d’ailleurs sur le recueil de nouvelles ».

Car si l’écrit est tourné vers le passé, l’auteur, lui, l’est résolument vers l’avenir et avance brides lâchées. L’écriture cinématographique de Jean Rasther permet au lecteur de se représenter les scènes comme s’il était en leurs centres et l’auteur rêve d’une adaptation sur grand écran. En attendant, c’est aux bordelais qu’il choisit de se livrer. Auteur régional le plus vendu cet été dans les rayonnages de Mollat, ses ouvrages sont à la Fnac rue Sainte-Catherine et il écume les salons. Si Paris et Blaye ont été annulés, il était présent à La Rochelle pour recueillir les retours de lecteurs. « C’est important pour moi d’être entouré de ceux qui me lisent. C’est dur de parler de mon travail mais je suis, en revanche, très sensible aux retours de mes lecteurs. » S’il a choisi une édition parisienne, les frontières de la Nouvelle-Aquitaine se sont ouvertes aux pays francophones et le Bordeaux de Jean s’exporte jusqu’en Argentine, aux États-Unis ou encore en Israël.

La table à dédicaces

Ce temps qui passe, Jean Rasther sait, lui, le mettre à profit. Un recueil de sept nouvelles est en cours de parution et une pièce de théâtre va bientôt poindre également sous sa plume ! « Les nouvelles sont denses, organisées autour d’une architecture thématique avec une nouvelle centrale sur la déportation et la notion de pardon. Le fil de la femme est aussi tiré avec une héroïne dans chaque nouvelle. » Rapport au corps, au temps, à la vieillesse, à l’éclatement de soi et à la quête d’unité ; les thèmes qu’aborde l’auteur s’inscrivent dans l’air du temps et pose la question de la féminité. De son côté, la pièce Casus Belli, rend hommage à la noblesse de l’enseignement et à la transmission, une thématique aussi tristement d’actualité. Entre voyage et beauté intérieure, entre formes et femmes, entre mémoire, entre rêve et réalité, Jean Rashter apprivoise la psychologie des femmes et les questionnements du temps. Et s’il faut toujours regarder vers le passé pour appréhender l’avenir, l’auteur est prêt à relever un nouveau challenge qu’est celui de présenter son dernier roman aux bordelais et au monde littéraire francophone : Palazzo Amadio a été sélectionné pour participer au Concours des Révélations auprès des gens de lettres.

Ecrit par Sabine Taverdet


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