Bordeaux
Engagement du Maire Pierre Hurmic pendant sa campagne électorale, le combat contre le sans-abrisme a maintenant son porte-drapeau, la nuit de la solidarité.
Récompense de l’engagement des acteurs contre le sans-abrisme partout en France, le sénat a adopté en première lecture une proposition de loi visant à rendre obligatoires les Nuit de la Solidarité dans toutes les agglomérations de plus de 100.000 habitants.
- De gauche à droite : Harmonie Lecerf-Meunier, Pierre Hurmic, Thierry Bergeron et Romain Dostes
Plus de 600 bénévoles pour combattre le sans-abrisme
Il est 18h à la Mairie de Bordeaux quand Pierre Hurmic amorce officiellement la troisième édition de la Nuit de la Solidarité, aux côtés d’Harmonie Lecerf-Meunier, adjointe au maire chargée de l’accès aux droits, des solidarités et des seniors, Thierry Bergeron, directeur départemental de l’emploi, du travail et des solidarités, et Romain Dostes, vice-président du département Gironde, représentant Jean-Luc Gleyze, le président de la Gironde, absent à cause des récents mouvements sociaux des agriculteurs français. Fière des deux premiers succès, la Mairie de Bordeaux veut avant tout atteindre trois objectifs majeurs avec cette opération de recensement. Le premier, agir toujours plus pour aider les sans-abris. Le deuxième, interpeller les Bordelais sur cette réalité sociale, qui nous menace tous. Enfin, se donner « les moyens d’agir ensemble », être tous dans le même bateau face à ce fléau. Une opération d’envergure, car plus de 400 bénévoles sont attendus, si bien que les inscriptions ont dû être fermées pour cause de surcharge. Se rajoutent près de 200 agents municipaux, métropolitains ou du CCAS (Centre Communale d’Action Sociale). Une initiative qui intrigue aussi les autres communes Bordelaises, dont plusieurs élus seront sur le terrain pour le recensement. Mérignac est citée comme une des nouvelles communes pouvant faire sa Nuit de la Solidarité dès l’année prochaine. Pour conclure, toute la Mairie de Bordeaux et les équipes ayant participé à la mise en place de cette 3 ème édition se félicitent du succès de l’opération. « Plus de 600 personnes abandonnent leurs contraintes personnelles ce soir. C’est un élan de générosité publique et d’attention. » Souligne Harmonie Lecerf-Meunier.
- Une équipe de bénévoles, chargées de recenser les personnes an situation de sans-abrisme, reconnaissable à leurs chasuble orange fluo.
Au cœur de l’action
Notre aventure nocturne se déroulera aux côtés de Julien, Samuel et Emma. Cette équipe de trois bénévoles, respectivement employé au bureau des élections a la Mairie, professeur d’allemand et étudiante en stratégie digitale, va parcourir le quartier Saint-Bruno à la recherche de personne sans- abris à recenser. Pas de chance ce soir, pas de sans-abris dans le coin, malgré un quadrillage très précis de la zone. Certains y verront une bonne nouvelle, car cela veut dire moins de monde dans les rues, mais la réalité est toute autre. Après des vagues de froid terrible, qui ont fait au moins deux morts en France, les personnes sans-abris trouvent refuge dans les parkings ou bidonville en extérieur du centre-ville. L’opération des bidonvilles et des squats a d’ailleurs commencé en amont de celle en centre-ville, le recensement dans ces zones étant plus difficiles à effectuer. Mais l’aventure de nos trois bénévoles est récompensée par les discussions que leur dossard orange fluo déclenche avec les habitants du quartier. Tous sont déjà confrontés au sans-abrisme et ses dangers, et l’opération sensibilisation de la population est un succès. Mais le lendemain, les chiffres tombent. 466 personnes à la rue, 374 en bidonville (dont 202 mineurs !!), pour un total de plus de 1000 personnes, si l’on compte les personnes en squat et celles dont le recensement n’a pas pu être effectué pour des raisons techniques et sécuritaires. Ce chiffre de plus de 1000 sans-abris interpelle. C’est presque deux fois plus que l’année dernière ! Même si le dispositif de cette année représente la montée en puissance de la Nuit, avec 120 équipes sur le terrain pour 14 centres administratifs, ce nombre toujours plus grand de sans-abris à Bordeaux soulève plusieurs problèmes que la ville subie en ce moment. En commençant par les prix de l’immobilier toujours plus forts qui poussent en dehors du centre-ville les moins fortunés, quitte à mettre à la rue ceux qui n’ont pas le choix que de rester dans le centre. Et puis celui des places en hébergement d’urgence, ouvert la nuit, mais qui laisse les sans-abris livrés à eux-mêmes la journée. En espérant que ce genre d’initiative perdure dans le temps, quitte à voir Bordeaux devenir un emblème de la lutte contre le sans-abrisme en France. Il faudra maintenant attendre le rapport final décortiqué par des experts, destiné au grand public cet été.
Ecrit par Ewen Yvergniaux