Bordeaux
Faisant suite à la première de janvier qui avait connu un gros succès, cette deuxième édition a été d’une grande qualité a tous les points de vue. De remarquables musiciens et une non moins remarquable générosité de la part des auditeurs.
Stéphanie Debette après avoir eu à ses côtés l’université de Boston (Etats-Unis) pour la première édition de "Music for Brain", pour cette seconde édition l’Université de Kyoto (Japon) en la personne du professeur Fumihiko Matsuda, directeur scientifique du centre de Médecine Génomique était présente. Bien sur le professeur Manuel Turon de Lara, président de l’Université de Bordeaux et Rodolphe Gouin, directeur de la Fondation Bordeaux Université étaient de la soirée qui a vu la remise d’un chèque de 11.000 euros en faveur de la recherche sur le bien vieillir cérébral que pilote Stéphanie Debette, chèque remis en présence de Thomas Foy, secrétaire général de l’Institut Culturel Bernard Magrez.
Laissons la parole à notre spécialiste Sarastro pour nous raconter ce splendide concert.
Quand un Stradivarius 1713 + un Gagliano 1788 = un quatuor avec piano + un duo avec alto... Ne cherchez pas à résoudre cette équation !
Cela se passait au château Labottière où Bernard Magrez, en coproduction avec son violoniste préféré Nicolas Dautricourt, nous avait réservé une surprise fort agréable ce 21 septembre. En effet, non content de prêter à Nicolas Dautricourt un très beau Stradivarius qu’il rebaptisa "Château Fombrauge", Bernard Magrez, plus mécène que jamais, vient d’acheter un violoncelle magnifique de Ferdinando Gagliano (1788) qu’il a baptisé "Pape Clément" et prêté dans la foulée à une jeune violoncelliste Camille Thomas dont on nous dit qu’elle est franco-belge. En tous les cas excellente violoncelliste qui n’a à disposition cet instrument que depuis quatre mois. Sur le programme, il nous est indiqué que le "strad" joué par Nicolas Dautricourt est "légendaire" et que le "cello" joué par Camille Thomas est iconique. Ces qualificatifs se partagent sans doute (!) entre les instruments eux mêmes et leurs auteurs de génie !
Nicolas Dautricourt que nous avons maintes fois entendu en soliste accompagné au piano avait ce soir là ménagé une rencontre avec trois de ses amis musiciens d’excellente qualité, la pianiste Hélène Couvert, la violoncelliste Camille Thomas déjà citée, et Jean-Paul Minelli-Bella, Altiste, professeur de musique de chambre au Conservatoire de Bordeaux et grand amateur d’instruments originaux tel "l’Arpeggione" cher à Schubert qui lui écrivit une sonate que se partagent de nos jours les altistes et les cellistes.
Dans une séquence intitulée "Pré-concert" il nous fut donné de faire connaissance avec le violoncelle de Gagliano joué par Camille Thomas, d’abord dans une passacaille sur un thème de Haendel du compositeur et violoniste norvégien Johan Halvorsen (1864 - 1935), pour violon et violoncelle, puis dans un extrait d’une suite de Jean-Sébastien Bach pour violoncelle seul, et enfin dans la célèbre "Élégie" de Gabriel Fauré, accompagné au piano par Hélène Couvert. L’instrument sonne magnifiquement, très bien réglé, très équilibré dans ses différentes tessitures ; quant à l’instrumentiste Camille Thomas, elle maîtrise parfaitement son "partenaire", visiblement heureuse de jouer une telle merveille. Belle technique, archet solide et souple à la fois. Une sympathique découverte qu’elle confirmera dans la soirée avec la Rhapsodie Hongroise de David Popper (compositeur Austro-hongrois 1843 - 1913)
Le concert se poursuivait avec, pour Nicolas Dautricourt, Dvorak (romance) et Sibélius (3 pièces charmantes op 81) ; dans ces œuvres "romantico-nostalgiques" notre désormais ami violoniste se montra, à son habitude, excellent, associé à son Stradivarius, compagnon somptueux ! Hélène Couvert l’accompagnait en excellente musicienne et pianiste. J’aurais, personnellement préféré que le couvercle du piano soit en position médiane plutôt que complètement ouvert, du moins pour les accompagnements. Il pouvait en être autrement dans le quatuor de Schumann où le piano a un rôle équivalent à celui de ses partenaires.
Une autre surprise nous attendait avec l’exécution par Nicolas Dautricourt et Jean-Paul Minali-Bella du duo N° 2, pour violon et alto, de Bohuslav Martinů (1890 - 1959). Bien que Martinů soit un des quatre grands compositeurs de l’ancienne Tchécoslovaquie avec Dvořák, Smetana et Janáček qu’il ait côtoyé en France pendant 17 ans les grands noms de la musique française tout en forgeant son style personnel fait de hardiesse harmonique et de réminiscences folkloriques de son pays natal, il n’a pas, selon moi, la place qu’il mérite dans les concerts.
Le Duo pour violon et alto que nous ont interprété Nicolas Dautricourt et Jean-Paul Minelli-Bella est très représentatif de l’œuvre de Martinů : structuré, âpre, sonore et... difficile d’exécution. Ces deux artistes s’y sont montrés très convaincants, tant techniquement qu’interprétativement et j’ai noté entre eux une cohésion et un plaisir de jouer emportant l’adhésion. Il fallait conclure en beauté à Bordeaux, ville où la musique de chambre est à l’honneur. Ce fut avec Robert Schumann et son quatuor avec piano op 47 où se retrouvèrent réunis en apothéose, les quatre artistes, vedettes de la soirée. Dans le romantisme échevelé, chaleureux, douloureux de Schumann, il fallait de la conviction, du talent, de l’ensemble. Nous avons eu tout cela, chaque instrumentiste ayant ses minutes solistes soutenues fraternellement par ses partenaires. Belle exécution d’une œuvre attachante, très applaudie par un public conquis. On le serait à moins ! Bis obligé "l’après un rêve de Fauré, déclencha une "standing ovation" archi méritée.
Soirée organisée dans le cadre de "Music for the Brain" en soutien à la recherche en neuro-épidémiologie. Merci à tous, artistes,chercheurs, mécènes. Bravo !

Ecrit par Sarastro
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