Bordeaux
La coque du Vendredi 13 a été transférée du parking de la base sous-marine aux bassins à flot ce qui n’a pas manqué d’éveiller la curiosité. Le matériel mobilisé pour cette opération était impressionnant car c’était 35 tonnes mesurant 39 mètres qu’il fallait déplacer .
La coque du Vendredi 13 vivait oubliée à la base sous-marine de Bordeaux, où le bateau fut exposé à terre, mâté mais sans sa quille du temps du Musée de la Plaisance aujourd’hui disparu. Elle vient d’être sortie du terre-plein de la base sous-marine où elle se trouvait plus ou moins abandonnée depuis une vingtaine d’années. L’histoire de cette coque tirée de sa retraite a déjà suscité des polémiques et controverses car certains ont soutenu que ce n’était pas l’original c’est ainsi qu’on peut lire dans Nautica « Des histoires à propos de l’épave noire il en circule beaucoup, toutes plus abracadabrantesques que les autres. "Tout le monde y va de son hypothèse", commente Dominique Ducassou, adjoint au maire chargé de la culture et de la protection du patrimoine. De la base sous-marine à la municipalité, en passant par le Port de Bordeaux, les institutionnels confirment : "Il s’agit bien du Vendredi 13". » On associe parfois le nom d’Alain Colas au Vendredi 13 car en fait ce bateau a été construit en 1971 pour Jean-Yves Terlain avec l’appui financier de Claude Lelouch. L’unité mesurant 39 mètres et pesant 35 tonnes a été devancé par Alain Colas dont le nom résonne encore sur toutes les mers du globe depuis sa disparition tragique en 1978 qui était à la barre du Pen Duik IV lors de cette course. C’est donc, lors de la Transat Anglaise (OSTAR) de 1972 pendant laquelle Colas et Terlain vont naviguer bord à bord pendant plusieurs centaines de miles qu’est apparu une certaine confusion, et c’est de cette rencontre improbable à une époque ou il n’y avait pas d’électronique embarquée mais seulement la radio que le nom de Colas a été associé au Vendredi 13 mais il y a aussi la raison de la course à la longueur.
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La démesure des voiliers de cette époque, cette course à la longueur selon l’axiome que la longueur générait de la vitesse va atteindre son summum avec la construction du "Club Méditerranée" d’Alain Colas ( 72 mètres de long) et c’est là aussi que se fait la liaison avec ce navigateur dans la course à ces monocoques démesurés de l’époque des années 70. Ainsi après trois vies pour le Vendredi 13, la première sur la transat anglaise en solitaire avec Jean-Yves Terlain en 1972 et Yves Fauconnier en 1976, la seconde comme charter pour croisières de luxe avec Yves Fauconnier et sa fille Karina ou il a vu défiler tous les grands noms de la voile et du show-business, puis la troisième ou il aurait fait de l’humanitaire avant d’être donné au musée de la Plaisance pour éviter sa destruction ensuite abandonné sur un parking quand le Musée de la Plaisance a fermé ou on n’osait plus le toucher de peur qu’il ne se brise. C’est donc Norbert Fradin créateur du Musée de la Mer et de la Marine qui s’est porté acquéreur de la coque qui appartenait à la ville de Bordeaux. Il va ainsi lui fournir une quatrième vie car il compte bien refaire naviguer le Vendredi 13. Avant cela il va falloir le rénover intérieur et extérieur (coque, quille, aménagements intérieurs et gréements) ce qui va prendre un an de travaux aux dires de Bertrand Quentin président de l’association "Rêve de sens" basée à St Philibert (Morbihan) dont le but est la sauvegarde du patrimoine maritime de course au large pour en faire un outil d’éducation à qui a été confié le chantier. Que Franck Jouanny soit rassuré, bientôt le Vendredi 13 ne sera plus une épave.
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette