Bordeaux
Le vendredi 24 avril dernier, le philosophe Michel Onfray venait, dans les salons Albert Mollat, présenter son dernier livre, Cosmos, paru aux éditions Flammarion. La présentation a eu lieu devant une foule nombreuse dont une partie avait patienté plusieurs heures devant l’entrée de la salle de conférence pour s’assurer une place.
Michel Onfray aime à répéter dans les nombreux entretiens qu’il accorde à l’occasion de la sortie de son ouvrage qu’il s’agit de son « premier livre ». On peut s’étonner d’une telle formule de la part de quelqu’un qui a publié près de 80 livres. Ce livre est en réalité « premier » en un double sens. Il est premier au sens où il est le premier d’une trilogie qui destinée à être une encyclopédie. Mais il est également premier au sens où cette encyclopédie entend « faire le tour » de ce que Michel Onfray a lui-même produit depuis la parution en 1989 de son premier livre et ainsi ressaisir et énoncer ce qui constitue l’essentiel : les principes, qui comme l’étymologie l’indique, viennent en premier. Il ne faudrait cependant pas voir dans Cosmos un simple résumé de son œuvre précédente. Cosmos se veut comme un travail d’articulation explicite d’intuitions et de concepts qui ont mûri au fil des décennies.
Michel Onfray est un philosophe matérialiste, ce qui signifie qu’il pose comme principe que l’ensemble de la réalité est de nature matérielle, et est également un philosophe athée, ce qui signifie qu’il n’adosse sa pensée et son éthique sur l’existence d’aucun dieu. L’homme est, selon lui, à la fois un animal et un être producteur de ses propres conditions d’existence par l’intermédiaire des productions matérielles et symboliques qui font les sociétés, les cultures et les civilisations. Or, c’est précisément là que Michel Onfray entend rappeler à nos contemporains que toute réalité matérielle, toute vie biologique et toute réalité sociale est transitoire et que cet ensemble ne doit d’être qu’aux conditions favorables qui l’ont produit. Le livre s’ouvre d’ailleurs sur le récit d’un double décès- celui de son père et celui de sa compagne. La vie est mortelle, l’homme est mortel et notre monde l’est également. Vivre n’est possible que sous certaines conditions et ce sont ces conditions que Michel Onfray explore dans son livre, conditions qui font le Cosmos de l’homme, c’est-à-dire qui rendent possible sa vie et son monde. Ce faisant, il fait à la fois œuvre de philosophe et d’anthropologue et se plaît à convoquer à l’appui de ses réflexions ce que les sciences nous apprennent de ce monde matériel et ce que l’histoire nous apprend du début et de la fin des civilisations. Replacer l’homme dans son milieu - la nature matérielle, les sociétés et leur histoire - afin de penser ce que l’homme peut et doit faire pour rester libre, pour donner un sens à sa vie, et ne pas sombrer dans le nihilisme contemporain où tout devient égal et où le sens de la dignité humaine semble se perdre : c’est cette tâche que Michel Onfray se donne dans la trilogie qu’il prépare et dont le premier tome vient de paraître.
La conférence donnée dans les salons Albert Mollat par Michel Onfray
Cosmos
Michel Onfray
Flammarion
528 pages
Ecrit par Marc