La vie de Jean-Michel Borne, ingénieur du son passionné de musique, aurait pu n’être rythmée que par quelques événements musicaux. Des concerts marquants, comme celui des Stones au stade Gerland à Lyon en 1982, dont son groupe « Jean-Marie et les Redoutables » assurent la première partie ; la création, quatre ans plus tard, du studio « Vox Populi », spécialisé dans les bandes originales de films d’entreprise ; et parfois des occasions heureusement manquées comme, en 1996, cette proposition – par ailleurs fort alléchante – de tournée où ses compagnons et lui auraient été déguisés en… pingouins, pour promouvoir leur disque pour enfant « Alberto Bricolo. » Tout cela accompagné par les exploits des champions cyclistes , sa seconde passion.
Mais l’événement majeur de son existence allait être ni musical ni cycliste : sa passion pour le vélo l’amène tout au bout de l’Afrique pour participer à la plus longue course de VTT du monde, la « Cap Epic » qui doit le mener à Cape Town après mille kilomètres de routes et pistes. En fait une chute le premier jour de l’épreuve fait basculer sa vie : il est atteint de septicémie. Derrière on pense d’abord une maladie tropicale et, deux semaines après, on diagnostique une leucémie. Le couperet est tombé, à 47 ans, la vie de Jean-Michel tourne brutalement au drame.
Chimio, « une année de traitement tenant plus de la NASA que de la pharmacie du coin ». Rien n’y fait. En juillet 2007 il faut se résoudre : une greffe de moelle osseuse est indispensable . Le donneur sera son jeune frère, Pierre-Marie, véto. travaillant dans la recherche sur le vivant. Grâce à son frère, au talent des médecins et au dévouement de toute l’équipe médicale, au bout de huit mois Jean-Michel peut rentrer chez lui puis reprendre le vélo.
Il souhaite témoigner de l’efficacité des greffes pour motiver les donneurs potentiels. Le cyclisme va lui en fournir l’occasion. En 2013, le Tour de France va fêter son centenaire. Il va célébrer l’événement en se lançant sur la « Grande Boucle », en reprenant les étapes de la première édition, de 1903, où il rassemblera des dons pour les associations Laurette Fugain et l’Arche. Entouré d’amis cyclistes, il part donc de Montgeron, dans la banlieue parisienne, pour gagner Lyon. Puis viennent le tour de Marseille et Toulouse, et à chaque fois la joyeuse bande est renforcée par des cyclistes locaux.
Pour l’étape Toulouse-Bordeaux, Jean-Michel est rejoint bien évidemment par son frère et donneur, Pierre-Marie qui est bordelais. Il est aussi passionné de vélo et de musique. C’est même l’un des administrateurs de la Rock School Barbey. Pierre-Marie ne se contente pas de participer à la balade, il mobilise ses amis et connaissances (M. Doerman, Pr Pigneux du CHU de Bordeaux), M. Lafarge de l’Etablissement Français du Sang à Bordeaux), F. Albertoni, Directrice Communication des Hôpitaux de Bordeaux), ainsi que l’orchestre de la Rock School, qui se chargent d’accueillir les coureurs à leur arrivée sur les quais à côté de la Maison éco-citoyenne, le 10 juillet à 18 heures. Grâce à lui, la mobilisation bordelaise est très forte et fait de l’étape au bord du Port de la Lune l’une des plus réussies de tout le Tour. Une belle aventure sportive et caritative ; en un mot humaine.