Bordeaux
Heureuse nouvelle pour les uns, déception pour les autres, la démission d’Alain Juppé de son poste de maire de Bordeaux aura beaucoup surpris et même souvent déçu nombre de bordelais tant sur le fond que sur la forme.
S’il n’est pas très difficile de comprendre qu’après avoir essuyé un échec aux primaires de la droite et avoir vu sa ville en plein désordre et partiellement dévastée chaque week- end pendant des mois, Alain Juppé n’ait pas résisté longtemps à la proposition qui lui était faite de rejoindre « les sages » du Conseil Constitutionnel, la soudaineté de la décision a néanmoins estomaqué nombre de bordelais. Décision qui si l’on en croit les bruits de couloir ne manqua pas non plus de surprendre les plus proches collaborateurs du maire de Bordeaux, réunis le matin même en vue de l’organisation de la prochaine campagne municipale et à mille lieues d’imaginer ce qu’ils allaient apprendre quelques heures plus tard. La démission de son poste de maire d’un Alain Juppé pressé par le pouvoir de répondre à l’offre qui lui était faite, ne tarda pas.
La lecture de l’ouvrage écrit pour l’occasion par Jefferson Desport et Xavier Sota « La chute de la maison Juppé », voyage détaillé au sein de la vie et de la « tambouille » municipale, ne fait que confirmer que rien ou presque n’était prêt pour ce passage de témoin et que les protagonistes de cet événement que furent Virginie Calmels, Nicolas Florian, Fabien Robert et autres Ludovic Martinez durent très vite s’adapter. Après que curieusement les adjoints aient entendu quelques mois auparavant de la bouche d’Alain Juppé lui-même, qu’aucun d’entre-eux n’était au niveau pour prendre les commandes, les cartes étaient redistribuées et les considérations passées oubliées, il fallait bien qu’il y ait un nouveau pilote dans l’avion. Le cadeau quelque peu empoisonné fut fait à Nicolas Florian.
- Le jour de l’ultime message d’Alain Juppé à Bordeaux
Constater comme le détaille cet ouvrage que dans tout groupe, toute association, les rapports entre prétendants potentiels au trône ne sont pas toujours des plus évidents, ni des plus amicaux, ne constitue pas une immense surprise, d’autant plus que le chef en partance n’est jamais apparu lui non plus très clair en ce qui concerne l’identité de celui ou de celle qui devait lui succéder.
Une succession improvisée pour ne pas dire bâclée a donc conduit le plus persévérant des opposants à la tête de la ville en un scrutin consacrant la défaite de la majorité municipale sortante ainsi que l’état pitoyable de la démocratie dans notre pays. Les triomphes démocratiques avec moins de 20 % des voix des inscrits comme majorité n’ont certes pas fière allure ! Fort heureusement et depuis longtemps, alors que nos élites abandonnent chaque jour un peu plus la politique, les forces vives de notre ville ne sont pas loin de là, concentrées au sein du seul Palais Rohan.
Alors que peu avant son départ effectif, Alain Juppé s’adressait dans la cour de la mairie à ses plus fervents supporters, à l’extérieur ses plus motivés opposants affichaient dans la liesse des pancartes aux messages clairs et vertement imagés : « Aux arbres citoyens », « Gambetta l’arrachage de la honte ».
A un Alain Juppé au bilan très positif selon une majorité de Bordelais, succède aujourd’hui une alliance de partis dirigée par un écologiste semble-t-il adepte de la fameuse « Co-construction » et de ses inévitables vicissitudes !!!
Bordeaux en a vu d’autres et ne saurait perdre espoir.
- La chute de la maison Juppé
Jefferson Desport, Xavier Sota
Editeur : Le Bord de l’eau
Collection : Territoires du politique
168 pages
ISBN 978-2-35687-722-2
18 €
Ecrit par Dominique Mirassou