Cenon
Depuis 2011, le Rocher de Palmer propose des siestes musicales. Plusieurs fois par semaine, Patrick Labesse anime ces ateliers où la thématique change constamment. Cette fois, nous nous envolons vers Londres.
La porte est à peine ouverte qu’on entend résonner dans la salle une musique instrumentale où se mêlent trompette, cymbales et autres percussions. La pièce est pleine de transats multicolores, d’imposants tapis et de grands coussins pour s’asseoir. Des rideaux noirs et opaques empêchent la lumière de pénétrer dans la salle. Quelques lumières d’ambiance y sont disposées. Les habitués des siestes musicales se retrouvent, s’installent rapidement et discutent avant le coup d’envoi de Patrick Labesse. Les nouveaux cherchent un transat où ils passeront la prochaine heure. Ce jour-là, ils sont six à ne jamais être venus. L’organisateur leur explique le concept. Ces siestes sont faites pour se reposer, mais avant tout pour écouter de la musique. Grâce à elles, la culture musicale s’accroît. Qu’importe le style, les amateurs sont toujours là. Ce moment leur permet de mettre entre parenthèses leur vie. Ils en profitent pour se détendre.
- La salle est prête à recevoir les participants
Patrick prend le micro, la musique s’éteint. Tout le monde a trouvé son transat et certains ferment déjà les yeux. Quelques personnes gardent leur manteau pour rester bien au chaud, d’autres le mettent sur leurs genoux en guise de couverture.
Aujourd’hui la séance est dédiée au multiculturalisme de Londres. Que ce soit au niveau des styles musicaux mais également des interprètes. La majorité des chanteurs qui vont être écoutés pendant cette sieste, ont migré vers cette ville et incluent dans leurs musiques des instruments propres à leur pays d’origine. Ainsi, les personnes venues se reposer ont pu écouter à la fois de la musique ubaine, du reggae, du rap ou encore blues. "C’est tonique les siestes, parfois il n’y a pas moyen de dormir", ironise Patrick. C’est vrai qu’au début, la musique est tellement rythmée que même ceux qui ferment les yeux tapent du pied. D’autres ont encore les yeux ouverts, mais cela risque de changer rapidement. Plus les minutes passent, plus les yeux se font petits. Lorsque M. Labesse prend le micro pour introduire la chanson qui suit, la majorité des personnes ne bougent plus. Le sommeil les a emporté.
- Le pilote de la sieste
Ce n’est pourtant pas le cas de tout le monde. Une dame au premier rang tient dans sa main un livre et ne semble pas vouloir dormir. Elle se repose tout du moins. D’autres sont bien éveillés et semblent se concentrer sur la musique : le regard fixe un point, les sourcils se froncent, la tête bouge au rythme de la musique. "Je viens avec des enfants handicapés, ça leur permet d’avoir une culture musicale et ça les apaise", confie Mme Boyer, intervenante dans un foyer. Les siestes musicales ne sont pas faites que pour dormir. Certains laissent aller leur imagination, d’autres s’inventent des voyages aux rythmes des différentes musiques et d’autres sont aussi là pour apprendre à écouter de la musique. Il faut dire que Patrick Labesse les aide. Lorsque le tempo devient plus rapide, il fait signe à Emma, sa copilote, comme il aime l’appeler, d’augmenter le volume. Voilà que les pulsations des cœurs se mêlent à celles des instruments. Un ronflement se fait entendre : cela ne dérange pas ceux qui sont dans les bras de Morphée.
La musique s’arrête. La séance est finie. Les quelques personnes endormies sortent du sommeil petit à petit. Tous s’étirent. Ils sont détendus. Il est maintenant temps de fermer cette douce parenthèse jusqu’à la prochaine fois…
Ecrit par Margau Gonzalez