Bordeaux
Quel plaisir ! les théâtres ouvrent enfin leurs portes. En effet, qu’elle joie de retrouver cette sensation unique que procure les arts du vivant et comme ils nous ont manqué !
Au théâtre de l’Œil rue de Beyssac à Bordeaux, c’est une pièce originale à de multiples points de vue. D’abord pour ce qui est du sujet (dont je vous laisse la surprise) mais aussi parce que c’est une première mondiale. L’auteur de cette « Grue du Japon » est Fabrice Melquiot. Il est né à Modane en 1972. Il a publié une trentaine de pièces chez L’Arche Editeur. Ses premiers textes, Les petits mélancoliques et Le jardin de Beamon sont publiés à l’Ecole des loisirs et diffusés sur France Culture. Il a reçu de nombreux prix : le Grand Prix Paul Gilson de la Communauté des radios publiques de langue française, le prix SACD de la meilleure pièce radiophonique (avec France Culture), le prix Jean-Jacques Gauthier du Figaro, le Prix Jeune Théâtre de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre, et deux prix du Syndicat National de la Critique : révélation théâtrale, et pour Le diable en partage, meilleure création d’une pièce en langue française. France Culture avait choisi cette œuvre, dans un cycle consacré à ce dramaturge, pour une lecture en public à l’automne 2018.
- Jean Labeyrie et Nicole Cazaux
Cette pièce n’avait donc jusqu’à présent, jamais été jouée sur scène. Le metteur en scène Jean-Pierre Terracol assisté de Josette Discazeaux, Jean-Pierre Raison et Benoist Moreau, a bénéficié pour notre plaisir d’une pleine liberté pour la traiter. Le décor avec ses jeux de lumières et de transparences pour signifier notamment les changements d’atmosphères, le passage entre deux appartements et l’atelier, entraine le spectateur dans un voyage dans l’inconscient des protagonistes.
L’histoire c’est celle d’Anna, ancienne cantatrice autrefois adulée qui est à présent une femme âgée qui croit s’offrir une histoire de sexe sans lendemain avec l’ouvrier qui s’occupe de repeindre son appartement. Mais voilà que cette aventure est prise très au sérieux par le jeune homme qui va s’avérer aussi persuasif que charmant. L’ancien mari d’Anna un artiste peintre qui n’a jamais cessé de l’aimer aura bien du mal à admettre la situation et la confrontation des deux hommes jaloux sera explosive. Des dialogues intelligents, agrémentés d’un bel humour subtil qui teinte d’une salutaire légèreté le sujet abordé.
- Nicole Cazaux
Nicole Cazaux, Hugo Ardoin et Jean Labeyrie se surpassent dans cet étrange trio. Nicole Cazaux est une Anna qui jongle avec ses émotions, elle se révèle à la fois piquante et sans illusion, mais souvent tendre et émouvante. Jean Labeyrie campe un André très juste qui oscille entre une lucidité crue et un déluge
débordant de sentiments. Hugo Ardouin est formidable. Surprenant de naturel, il sait rendre Bogdan tout à fait crédible. Une très belle réussite pour cette Création mondiale de la Compagnie Théâtrale l’Œil
À la Régie Générale : Lumières, Sons, Décor, Effets spéciaux Lucas Baruche, Lucas Fortune.
Tableaux peints par : Gwénola Moreau et Geneviève Labeyrie.
Communication : Alain Ferrou
Prochaines représentations ; Attention aux horaires !
Juin : Le mercredi 2, jeudi 3, vendredi 4 et samedi 5 à 19h00 le dimanche 6 à 15h30
Toujours Juin avec changement de l’heure du couvre-feu : Le mercredi 9, jeudi 10, vendredi 11 à 20h00, le samedi 12 – la dernière – à 19h00
Ecrit par Marie-Laure Bousquet
Rédactrice à Bordeaux-Gazette, elle intervient le plus souvent dans les rubriques sur le théâtre. Elle alimente la rubrique « Et si je vous racontais » avec des nouvelles fantastiques ou d’anticipation. Elle est aussi l’auteure de plusieurs romans : Les beaux mensonges, La fiancée du premier étage, Madame Delannay est revenue, Le voyageur insomniaque, Enfin seul ou presque, Raid pelotes et nébuleuses. D’autres romans sont à venir. https://www.amazon.fr/Marie-Laure-BOUSQUET/e/B00HTNM6EY/ref=aufs_dp_fta_dsk