Bordeaux

EIRENE … Création mondiale franco-allemande à la Lucarne Bordeaux …

« Eiréné. Son parcours y ressemble, mais ce n’est pas Beckmann de « Dehors devant la Porte » que nous rencontrons. Ce n’est pas le cri du désespoir qui résonne sur notre scène. C’est l’amour entre le fils et la mère qui triomphent face à la peur et la bêtise des autres … » J.G



« La paix est plus que l’absence de la guerre » Eiréné, incarnation de la Paix, voyage à travers le monde afin de découvrir de nouveaux horizons. C’est un personnage singulier, un « oiseau bizarre avec une houppe », échappant à toute notion de genre et abstrait de toute caste : il migre accompagné de son échelle, lien avec le divin, continuel rappel de sa condition d’être un peu à part. Sillonnant les lieux et les époques, il devient non seulement l’observateur des scènes de vie qui s’offrent à lui mais également un élément agissant, provoquant de fortes réactions chez les personnages croisant son chemin : qui est cet étranger, que veut-il, que peuvent-il attendre de lui ? Pourquoi le craignent-ils ou recherchent-ils sa présence, et que réveille Eiréné dans leurs fantasmes et leurs imaginaires ? L’ambiance, très particulière et poétique, forte en symbolisme, peut faire penser à l’univers de Maeterlinck (et particulièrement à L’Oiseau bleu) par cet aspect de féérie philosophique, mêlant le réalisme et l’imaginaire, avec cette douceur et cette gravité qui donnent tant de force au propos. Le texte est riche en niveaux de lectures et mêle les degrés d’intensité, faisant se rencontrer des scènes de ménage amusantes par leur banalité et néanmoins touchantes car vibrantes d’authenticité et des scènes beaucoup plus graves, sombres, témoignages de la Seconde Guerre Mondiale et de ses atrocités.

Ici, aucun parti pris, aucun point de vue manichéen : il ne s’agit pas de parler de Bien et de Mal, de donner des « mauvais points », mais d’interroger la notion de paix. Cette paix, à laquelle chacun.e aspire, est-elle possible ? Car, comme le souligne l’un des personnages, incarné par Alexandra Hökenschnieder « La paix n’est pas que l’absence de la guerre. » Le texte plein de subtilité de Luise Rist est agrémenté par les superbes compositions musicales de Hans Kaul, oniriques, poétiques, et le beau travail scénographique de Françoise Libier, épuré, tout en lumières et en jeux d’ombres. Chaque comédien amène sa palette, nous touchant à sa manière : Muriel Piquart nous bouleverse alors qu’elle tente de faire survivre ses enfants à la guerre, Alexandra Hökenschnieder et Jürgen Genuit forment un remarquable tandem, complice, touchant et parfois très drôle, et Clément Malin, acrobate et interprète d’Eiréné, enchaînant les figures poétiques et légères de son échelle libre, est aérien, émouvant, intriguant… Atypique. Alors oui, la langue peut être une barrière, par l’indicible, l’impossibilité de se comprendre parfois, que ce soit parce que nous ne parlons pas la même langue ou simplement à cause des mésententes, mais la poésie de ce conte moderne, agrémentée par la belle synergie de tous ces artistes en plateau dont les couleurs se répondent si agréablement, donne envie de croire à la paix.

Présenté au Théâtre l’Œil-La Lucarne vendredi, samedi et dimanche.

Ecrit par Claire Poirson


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