Bordeaux

Enquête : Quand les lapins attaquent le parc, les furets contre-attaquent

Face aux 3000 lapins présents au parc bordelais, la mairie a décidé de prendre une décision plutôt insolite : faire appel à un piégeur professionnel, afin de réduire sensiblement leur nombre. La surpopulation de ces bêtes aux grandes oreilles nuiraient aux plantations du célèbre jardin. Ainsi le piégeur devrait intervenir jusqu’en avril à l’aide de plusieurs furets. Une méthode qui divise les habitants bordelais et les habitués de ce petit coin de nature. Enquête.



Des arbres centenaires condamnés
Trop de lapins au Parc Bordelais, c’est en effet le constat fait il y a plus d’un mois par la municipalité de Bordeaux. Selon la mairie, le parc compterait plus de 3000 lapins semi-domestiques. Un nombre conséquent dû à un mélange entre les lapins de garenne historiquement présents sur le site, et les lapins domestiques relâchés par les habitants de la métropole depuis de nombreuses années. « On a eu une année 2018 de tous les records climatiquement avec 9 mois consécutifs assez chaud. De ce fait on a eu une explosion de la population de lapins dans le parc », explique Magalie Fronzes, élue en charge des espaces verts de Bordeaux. Une surpopulation qui nuirait à ce jardin géant de 28 hectares, puisque les lapins seraient à l’origine de nombreuses dégradations sur les arbustes et végétaux du parc. Pour exemple, les dernières plantations faites l’hiver dernier s’avèrent être une catastrophe. En effet 80% des jeunes arbres plantés ont été saccagés par les lagomorphes. Selon le service d’entretien des espaces verts de la commune, les lapins seraient mêmes en train d’attaquer les écorces d’arbres adultes, les rendant malades ou affaiblis. « Ils mangent tout, les jeunes plantations, les bois tendre, et même les écorces des arbres centenaires. C’est grave car une fois l’écorce arrachée, l’arbre est condamné », indique Jean-Christophe, adjoint du chef d’unité du parc bordelais. « Certaines personnes ne se rendent pas compte des dégâts qu’ils causent, mais il vous suffit de faire le tour pour le constater. Un parc classé comme « remarquable » par le ministère de la culture, se transformant en un terrain risqué pour les promeneurs, à cause des nombreux terriers : « ma petite fille qui va souvent jouer au parc a failli se faire une entorse à cause des terriers, ça ne peut plus durer » s’insurge Michel, 69 ans, retraité résidant à proximité du parc.

Tronc d’arbre attaqué et protégé par un grillage

Le furet, méthode radicale pour diminuer le nombre de lapins
Afin de réguler la population de ces bêtes à grandes oreilles, la ville a engagé lundi 28 janvier un piégeur professionnel. Celui-ci devrait intervenir deux à trois fois par mois à l’aide de furets domestiques. « Pour la méthode nous n’avons pas eu le choix, celle- ci étant la seule proposée dans l’arrêté préfectoral », souligne Magalie Fronzes, élu en charge des espaces verts. Le furet est ainsi considéré comme le prédateur typique du lapin, il est capable de tuer une bête deux fois plus grande que lui. La méthode mise en place par le piégeur consiste à introduire le furet dans le terrier, afin de faire fuir le lapin à l’extérieur de son habitation où l’attendra un grand tube en ferraille pour le piéger. Il est aussi possible que le furet attrape directement le lapin dans sa course. Cette technique qui date de l’antiquité est appelée furetage. Aujourd’hui elle est utilisée pour la chasse à tir mais aussi à des fins de repeuplement (en attrapant les lapins vivants à la sortie du terrier). « On compte éliminer 2/3 des lapins présents », confie Jean Christophe, adjoint du chef d’unité du parc. « C’est un passage obligé si l’on veut préserver le patrimoine arboré du parc » ajoute t-il. Rappelons que ce lieu historique compte 3000 arbres dont 1000 arbres centenaires protégés.

Deux lapins en quête de nourriture

Une extermination entre légalité et illégalité
Cette décision d’élimination des lapins du parc est loin d’avoir fait l’unanimité chez les habitants de la métropole. « Le procédé est vraiment bizarre, ça me choque un peu », confie Anne, 48 ans habituelle promeneuse au sein du parc. Une pétition a d’ailleurs été lancé par l’association de protection des animaux « Vénus » et signé dans la foulée par 7000 personnes. Celle-ci veut ainsi mettre fin au procédé d’extermination mis en place par la ville de Bordeaux. L’adjointe aux espaces vert témoigne de son incompréhension face à cette pétition. « les lapins de garennes sont classés par la préfecture comme nuisible, donc nous avons tout à fait le droit d’intervenir ». Hors la situation est beaucoup plus compliquée. En effet cet arrêté ne concerne que les lagomorphes sauvages, seulement le parc abrite des lapins de garennes et des lapins semi-domestiques. L’abattage des lapins ne peut donc pas être considéré comme légal ce qui pose problème. Pour les associations à l’image de Vénus, Brigitte Bardot ou 30 millions d’amis, le problème réside surtout dans la commercialisation de cette espèce. « La solution que l’on propose c’est une campagne de stérilisation des lapins dans les animaleries bordelaises », indique Didier Talou-Blanchard, président de l’association Vénus. « Cela fait longtemps que nous militons pour la protection de ces lapins. En 1990 la SPA de Mérignac avait proposé de les récupérer afin qu’ils soient mis dans un refuge. Mais Alain Juppé avait refusé », ajoute le président. « La municipalité a longtemps fermé les yeux sur ce dossier et aujourd’hui la situation est plus que dramatique pour ces bêtes et pour le parc. La stérilisation est une solution sur le long terme qui mérite d’être considérée ». Un président qui tient aussi à rappeler le problème de responsabilité des individus par rapport à l’abandon de leurs animaux dans le parc. « Le fait d’adopter un animal n’est pas anodin cela doit être un acte réfléchi, il faut absolument que les personnes redeviennent responsable ». Espérons que la municipalité ne pose pas un énième lapin à ces associations prêtent à tout pour trouver des alternatives plus respectueuses pour la cause animale.

NB : L’association Venus organise un rassemblement pacifique le Jeudi 14 Février 2019 à 11 h devant l’entrée principale du parc Bordelais en partenariat avec la Fondation 30 Millions d’amis.

Ecrit par Jean Rinaud


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