Beaucoup de monde transite par ce parvis de la gare Saint Jean mais assez peu marquent un temps d’arrêt devant ce bloc de lecture mettant en valeur ce journal qui a vu le jour le 18 décembre 1944 dans une France encore en guerre dont la totalité du territoire avait été occupée par les forces hitlériennes depuis mars 1943. C’est Hubert Beuve Méry qui a créé ce journal à la demande de Charles de Gaulle. Au départ ce nouveau journal hérite d’une partie de l’équipe du Temps qui s’est sabordée en 1942, que son directeur va rapidement rajeunir en embauchant de jeunes journalistes. Comme c’est un journal du soir, son premier numéro portera la date du 19 décembre. Déçu par la qualité des journaux issus de la Résistance, certains déploraient la disparition du Temps. Parmi eux, le général de Gaulle lui-même, qui fin septembre 1944 demande à son ministre de l’Information Pierre-Henri Teitgen de favoriser la création d’un journal comparable au Temps. Le Monde a dû faire face à des critiques, parfois virulentes, de la part de figures politiques et d’autres journaux, tout en se distinguant par des prises de position marquantes. Hubert Beuve Méry à la foi professeur et journaliste était un homme brillant, rigoureux, il a hésité tout d’abord à prendre la direction de ce nouveau journal, mais une fois décidé, il a été déterminé à en faire une référence d’indépendance et de qualité éditoriale qui se perpétue encore aujourd’hui, soit un peu plus de 80 ans après avec actuellement 550 journalistes à la tâche.

Deux personnalités mises en valeur par le Monde

Cet hommage s’attache à mettre en avant une rubrique très spécifique du journal que sont les entretiens du Monde qui se déclinent sous l’accroche : Je ne serais pas arrivé(e) là si... mettant en évidence des personnalités remarquables par leur trajectoire dan la vie, personnalités plus ou moins connu des arts, des lettres , de la science ou tout simplement de la vie civile. Cette rubrique existe depuis dix ans et c’est ainsi que chaque semaine, « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence qui s’est montré déterminant. C’est en vous rendant sur place, sur le parvis de la gare Saint Jean que vous ferez connaissance avec Annie Ernaux, romancière, Prix Nobel de Littérature en 2022 qui confie je ne serais pas arrivée là... "sans ma mère" et si vous prenez quelque minutes vous découvrirez cette professeure de lettres à la vie bien remplie. Vous pourrez découvrir aussi Lila Bouadma, réanimatrice à l’Hôpital Bichat qui ne serait pas arrivée là... "si mon petit frère n’avait pas failli mourir, quand j’avais 9 ans". La aussi une découverte saisissante de la vie d’une jeune fille d’un milieu modeste mais animée d’une volonté sans égal pour atteindre son objectif. Le dernier personnage que l’on peut découvrir sur cette borne décorant le parvis est de loin le plus connu du grand public mais malheureusement il nous a quitté il y a deux ans déjà, le paléontologue Yves Coppens dont la voix inimitable raisonne encore dans les oreilles de ceux qui ont eu la chance de l’écouter à la radio où de le voir à la télévision tant il aimait de manière jubilatoire divulguer les secrets de sa science au grand public et leur expliqué l’itinéraire de l’humanité. Il vous reste à aller découvrir noir sur blanc, pourquoi il ne serais pas arrivé là.