S’il importe d’inciter chacun des humains que nous sommes, croyants ou non croyants, à ne pas laisser la place au mépris, à l’intolérance et à l’égoïsme, les déclarations du Pape au sujet de l’immigration non seulement nécessaires mais aussi salutaires, son appel à la compassion, ne sauraient cependant suffire à nous fournir les clefs du problème humanitaire et politique majeur qui se pose à la France et à l’Europe.
La compassion
Alors qu’il apparait évident pour tout être humain digne de ce nom d’éprouver de la compassion pour les réfugiés qui se pressent à nos frontières et d’oublier le chacun pour soi et l’égocentrisme qui règnent dans nos sociétés développées, le clivage et le conflit d’opinion qui apparaissent par rapport à l’attitude à adopter ne relèvent pas de l’amour de son prochain chez les uns et de l’égoïsme ou du refus de l’étranger chez les autres, si ce n’est pour une infime minorité d’extrémistes, mais plutôt de la difficulté d’assumer complétement la dualité allant parfois jusqu’à la contradiction, entre compassion solidaire et impératifs politiques.
Les impératifs
Alors que par ailleurs les motivations des exilés ne justifient pas toujours leur demande de droit d’asile et qu’il est évident que des terroristes se cachent au milieu de ces immenses foules de migrants, l’état économique et social alarmant de notre pays vient renforcer un peu plus les réticences populaires vis-à-vis de l’immigration.
- Jungle de Calais
Face à une situation qui ne peut que diviser les français sur des bases de raisonnement simplistes schématiques et caricaturales, c’est à nos hommes d’Etat que s’impose le devoir de mettre en place une politique d’immigration courageuse et cohérente, non pas sur les seuls critères de la légitime compassion mais aussi en tenant compte des impératifs qui garantissent l’équilibre du pays. L’exigence de solidarité voire de charité exigée de chacun d’entre nous dans l’expression de son humanité ne peut ignorer la nécessaire exigence de fermeté et d’analyse en dehors de toute émotion, au niveau de l’Etat.
L’angélisme aveugle, le jusqu’au boutisme de ceux pour qui tout est possible sont tout à la fois inexacts, irréalistes et irresponsables tant les fameux « théoriciens » de l’accueil sans contrainte ni limite refusent de considérer la dimension complexe et contradictoire de la situation. Des choix mesurés à l’aune d’un effort international d’entraide mais aussi de la préservation de la cohérence et de la sécurité du pays constituent la noble, délicate et peu enviable tâche qui incombe aux dirigeants d’un Etat.
Question immigration, rien de bien défini à ce jour, tant au niveau de la France que de l’Europe, avec d’un côté, un grand sentiment d’hésitation, d’indécision et de bricolage, et de l’autre, un angélisme simplificateur tout à fait irréaliste et inquiétant.
Pas de quoi vraiment être très optimiste, tant les nécessaires exigences de fermeté et de responsabilité semblent bien faire défaut.

Ecrit par Dominique Mirassou
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