Bordeaux

L’intendant Tourny fait de Bordeaux l’une des plus belles villes de France

S’il peut paraître souvent abusif et pas toujours très pertinent de dire qu’un peuple, qu’un pays, qu’une région, ou encore qu’une ville doit beaucoup à un homme et parfois à un seul. En ce qui concerne Bordeaux, l’œuvre considérable de Tourny ne saurait rester méconnue de tous ceux qui apprécient notre belle ville, notre cité lui doit vraiment beaucoup !!!
Histoire ….



L’état des lieux

En 1744, Tourny (fils d’Urbain Aubert, marquis de Tourny, baron de Nuly, né à Paris le 16 mai 1695, devenu intendant de Guyenne en 1743, il mourra en 1760 dans la capitale) écrit que « Bordeaux est une ville admirablement située : "la nature a tout fait pour elle, et jamais l’art n’y a secondé la nature". On a seulement commencé depuis cinq ou six années à y bâtir quelques maisons passables. Tout le reste de la ville est composé de vilaines maisons sans symétrie, sans commodité, entre lesquelles passent des rues étroites et nullement alignées. Telle est la suite du constat de Tourny, alors que Louis XV, par l’intermédiaire de ses intendants, vient de décider de refaire les façades des villes de province à l’image de la monarchie. Versailles et son palais doivent servir de modèle. Comme l’or et l’argent affluent à Bordeaux, la ville est tout indiquée pour devenir un petit Versailles, en hommage à sa majesté. Alors que le maire de la ville Louis Godefroy est tout à fait d’accord, les jurats toujours soucieux de faire des économies, verraient mieux l’argent de la ville dans leurs poches, plutôt qu’englouti dans des investissements architecturaux incertains.

Les témoins du passage des charrettes et des carrosses rue Guiraude. Jusqu’à quand ?

Un énorme chantier

Tourny fait percer les actuels Cours Clémenceau et d’Albret, aménage les faubourgs crée et agence le Jardin Public. Il ordonne le pavement des rues, le curetage des ruisseaux. En dépit de l’opposition de la jurade, du clergé et de l’Académie, il fait de Bordeaux sa capitale, allant jusqu’à payer certains travaux de sa poche, et ruiner sa propre famille, pour en faire la ville sœur de Versailles. La place baptisée place Royale (place de la Bourse) devient alors la référence de la nouvelle ville. Il recrute le sculpteur Claude Francin pour décorer le piédestal de la statue de Louis XV et les frontons de la Bourse. L’architecte de la Ville, Bonfin, s’applique à bien respecter l’alignement des façades pour créer un ensemble harmonieux fait de « bâtiments uniformes de la même décoration ». Tourny élimine les remparts, détruit les laides cabanes adossées aux murailles et remplace les portes étroites par des portes monumentales en forme d’arcs de triomphe. Des places spacieuses sont dégagées devant chaque entrée de la ville pour le stationnement des carrosses, voitures à bras ou chars à bœufs. La porte Dijeaux, la porte d’Aquitaine, sont construites en même temps que les percements des cours. Tourny achève la place d’Aquitaine (Victoire), et la place Dauphine (Gambetta) dédiée à Marie-Antoinette alors dauphine de France. Alors qu’il présente divers projets d’alignement des constructions, la réticence est forte de la part des jurats, car souvent, ces nouveaux plans vont à l’encontre de leurs intérêts. De nombreux habitants, menu peuple ou bourgeois restent très attachés à leur ancienne ville*.

Maison Gobineau construite entre 1786 et 1789

Malgré les entraves et les polémiques

La rue Sainte Catherine, la plus marchande et la plus passante, est l’exemple parfait d’excroissances en tous genres, maisons en saillie, églises empiétant sur la chaussée. Les quartiers et les rues moyenâgeux qui subsistent encore le doivent à cette résistance des jurats s’appuyant sur le mécontentement populaire et conspuant « Tourny, ce tyran de la ville ». Quant au maire de la ville (Louis Godefroy), plus présent à Versailles qu’à Bordeaux, il se contente d’encaisser les revenus de sa charge. La place et les allées de Tourny, l’actuel Cours de Verdun, les autres Cours seront aussi son œuvre, et sa persévérance viendra à bout de toutes les entraves. Bordeaux reconnue en tant que ville d’art et d’histoire lui doit assurément beaucoup, il a certainement fait l’une des plus belles villes de France et voulu en embellissant la ville, rendre gloire et honneur au royaume de France et à son roi.

Succession de noms pour la place gambetta

L’architecte et urbaniste Jacques d’Welles dans son ouvrage Monsieur le marquis de Tourny, écrit : « Il a fait éclore cette ville dont il a changé et rajeuni le visage et qu’il a tant aimée. Sa volonté l’a marquée, l’a habitée, sa volonté l’habite encore, l’habitera toujours malgré les infidélités et les dégradations des siècles … Il a donné à Bordeaux cet air immortellement noble, élégant, ouvert …* » Les humbles témoins de « l’œuvre de Tourny » que nous sommes, ne peuvent que partager cet avis, et se féliciter de sa venue à Bordeaux en l’an 1743.

* Sources : Histoire des Maires de Bordeaux - Les dossiers d’Aquitaine.

Ecrit par Dominique Mirassou


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