Bordeaux
C’est une terrible évocation de ce drame qui est encore dans les mémoires, le 26 avril 1986 à Tchernobyl, quand la centrale nucléaire a explosé. Au travers de témoignages sous forme de monologues, cette pièce véritablement extraordinaire accroche le spectateur sans le lâcher jusqu’à la fin. Des histoires de vie de ces habitants qui ont survécu à cette tragédie qui a complètement démoli leur vie et celle de leurs descendants sur probablement plusieurs générations.
L’auteure Svetlana Alexievitch a reçu le Prix Nobel de littérature 2015 pour son livre : La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse. La pièce est constituée de certaines de ces déclarations donnant la parole aux hommes et aux femmes qui ont subi de terribles deuils, qui sont tombés malades, et qui ont parfois choisi de rester là-bas, parce que c’était leur Terre ! les petites gens, les soldats, les intellectuels, chaque voix porte ce drame. On est pris dans ce tourbillon d’émotions parfois à la limite du soutenable. Mais si la portée de cette œuvre est historique tout en étant hélas probablement prophétique, cela reste une œuvre étincelante d’artistes qui témoignent et s’adressent directement à notre humanité. Ce travail est le fruit d’une collaboration entre deux compagnies théâtrales : la Compagnie Lolita Monga (île de la Réunion) et de la Compagnie des Lumières et des Ombres (Bretagne
- LA SUPPLICATION au théâtre du Pont Tournant.
- © Photo Laurent Schneegans.
Ils nous expliquent leur parti pris :
Nous allons tisser autour de certains monologues un matériau textuel, photographique et vidéo. Un « Théâtre documentaire » où l’interaction et l’interprétation seront basées sur le monde social et historique environnant.
L’Adaptation de l’ouvrage est de Lolita Monga . La mise en scène de Guy-Pierre COULEAU est sobre avec minutie et se joue des lumières et des apparitions hallucinées des personnages. Les acteurs sont excellents. Dès le début ils nous dévisagent, nous prenant à témoin, et racontent leur drame, nous empoignant aussitôt dans leur récit. Le spectateur est fasciné et souvent horrifié, mais les voix magnifiques de la chanteuse musicienne et de son étrange instrument sont des respirations diffusant des ambiances qui viennent soutenir l’émotion. Sur un écran derrière eux défilent des dates, des noms, des mots et des photographies mouvantes de visages qui se modifient curieusement. Un spectacle brillant sans mièvrerie ni complaisance horrifique.
Traduction : Galia Ackerman et Pierre Lorrain
Mise en scène : Guy-Pierre COULEAU
Avec : Lolita MONGA, Olivier CORISTA, Mélanie BADAL
Scénographie : Valérie Foury
Lumière : Laurent Schneegans
Musique : Mélanie Badal
Vidéo : Johann Fournier
Assistanat à la mise en scène : Julie R’Bibo.
Un choc et une réussite extraordinaire !
Ce soir 29 SEPTEMBRE À 20H30 et demain SAMEDI à 20h30
https://www.theatreponttournant.com/
Théâtre du Pont Tournant, 13 Rue Charlevoix de Villers, Bordeaux.
Ecrit par Marie-Laure Bousquet
Rédactrice à Bordeaux-Gazette, elle intervient le plus souvent dans les rubriques sur le théâtre. Elle alimente la rubrique « Et si je vous racontais » avec des nouvelles fantastiques ou d’anticipation. Elle est aussi l’auteure de plusieurs romans : Les beaux mensonges, La fiancée du premier étage, Madame Delannay est revenue, Le voyageur insomniaque, Enfin seul ou presque, Raid pelotes et nébuleuses. D’autres romans sont à venir. https://www.amazon.fr/Marie-Laure-BOUSQUET/e/B00HTNM6EY/ref=aufs_dp_fta_dsk
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