L’équipe en charge du débat se composait de Bernardette Dubourg, journaliste à Sud-Ouest, et de 6 étudiants de Sciences Po. La rencontre fut l’occasion de revenir sur le long combat de Serge Klarsfeld contre les criminels nazis et pour la mémoire de la Shoah. Alain Fikielkraut le qualifie ainsi : “Comme il y a des fous de Dieu, Serge Klarsfeld est un fou de la mémoire”. Il s’agit là d’une véritable combat familial, avec l’implication de sa femme Beate Klarsfeld, et de ses enfants Arno et Lida Klarsfeld, tous deux avocats. Sa femme s’est notamment rendue célèbre pour avoir giflé le Chancelier allemand Kiesinger au passé trouble d’ancien nazi.

Les moments marquants de ce combat demeurent les deux procès emblématiques de Klaus Barbie à Lyon, et de Maurice Papon à Bordeaux. Le rôle de Serge Klarsfeld a été central dans la mise sous pression des gouvernements pour obtenir l’extradition et le procès en France du premier. Quand à Maurice Papon, la famille Klarsfeld a fait partie de l’aile modérée de l’accusation pendant le procès, et a obtenu la bienveillance du jury qui a confirmé la peine contenue de 10 ans prônée par le clan Klarsfeld. Maurice Papon, alors préfet de police pendant la déportation d’enfants juifs bordelais, a été considéré comme un maillon du processus et non une tête pensante. Cependant, tout n’est pas blanc dans le portrait de Serge Klarsfeld. Son rapport à la légalité notamment fait débat, avec une “méthode Klarsfeld” controversée. Contribuant parfois à éveiller les mentalités comme avec la célèbre gifle de Beate Klarsfeld, Serge Klarsfeld s’est aussi déjà vanté devant les caméra d’avoir envoyé des colis piégés à destination d’anciens nazis, dans la plus pure ligne de “la fin justifie les moyens"

Par la suite, des sujets plus contemporains ont été abordés avec le combattant de la mémoire. De l’actualité de son combat à l’heure où l’essentiel des nazis sont mourants, décédés ou incarcérés. Le phénomène Dieudonné, mouvement à tendances négationnistes autour de l’humoriste et militant Dieudonné M’bala M’bala, fut abordé, de même que la question du génocide arménien. Serge Klarsfeld est en effet avant tout un militant de la mémoire, ne se limitant pas au combat pour la mémoire de la Shoah. Enfin, les étudiants ont interrogé l’invité sur son attachement à l’État d’Israël et sa position vis-à-vis de la cause palestinienne, sujet d’autant plus d’actualité que l’Assemblée Nationale a récemment voté une résolution de proposition au gouvernement de reconnaissance de l’état Palestinien.

Il est rapidement apparu que Serge Klarsfeld avait une position sioniste convaincue. Des propos durs ont été tenus envers les Palestiniens, et les amalgames furent légions entre les différents peuples musulmans de la région. Le Grand Oral s’est finalement conclu sur une note plus joyeuse, avec un mot pour la jeunesse “Soyez heureux” devant un amphithéâtre plein pour l’évènement.

Oeuvres notables :
● Le Mémorial des Déportés Juifs de France, Serge Klarsfeld
● Beate Klarfeld (film), Michael Lindsay-Hogg