J’aimais croire que l’âme de la France était autre que la haine. Autre que la frustration primaire dans laquelle se plaisent les forces centrifuges du Front National. J’aimais croire qu’il existait encore une pensée noble, une pensée plus éclairée que l’idéologie quenelliste, xénophobe, homophobe ou fasciste. Je pensais du moins que la France d’aujourd’hui était une France nouvelle, plus lumineuse encore que celle d’hier. Une France plus égalitaire ; une France plus aimante.
Le dernier scrutin en date m’apprend pourtant qu’il existe une France du désespoir. Une France qui, se sentant oubliée, se satisfait d’une solution hypothétiquement viable, entre-ouverte et crédibilisée par quelques cadres politiques manipulateurs. Élevée en modèle de communication, cette élite a mené à bien une prouesse technique, transformant un parti politique fondamentalement raciste en un parti de masse d’une apparente modernité.
Fruit d’un labeur sans conteste, éloignant des projecteurs une ancienne garde vieillissante, la nouvelle direction a déployé une toile nationale de représentants locaux. Derrière ses candidats bateaux, se cache l’armature d’un navire de guerre. Et cet arsenal dont dispose l’extrême-droite française, met en péril notre démocratie, ses principes fondamentaux, voire à plus long terme, la stabilité tout entière de l’Union Européenne.
À mon plus grand regret, cette nouvelle idéologie se vend bien. Et son image qui n’a plus rien à voir avec l’antique tradition familiale, attire de plus en plus de Français. Néanmoins, je pense que la France se trompe quand elle vote Front National. La boutique est la même, bien qu’elle se soit transformée en entreprise nationale aux ambitions européennes. Certes, les têtes d’affiches ont changé : elles ont parfois 22 ans, parfois bien plus, mais toujours, le même esprit règne. Et même si les lignes ont bougé, la plume reste la même.
Alors, oui, je suis convaincu que voter Front National, qui plus est aux élections municipales est une erreur. Loin d’une solution c’est un échafaud. Mais c’est bâtir soi-même celui qui nous perdra, tout en pensant qu’il servira à d’autres. Parce que ce n’est pas une punition pour le gouvernement, non. C’est une punition pour les citoyens d’aujourd’hui, et pour ceux de demain. Définitivement, voter Front National c’est donner le bâton pour se faire battre.
Mais j’ai encore espoir. Et espoir je garde en notre génération, nous, jeunesse de 2014, nous, enfants de la République et enfants de l’Europe. Je suis persuadé que nous vous convaincrons. Parce qu’il y a une question de responsabilité. Parce qu’on ne peut pas croire en une politique qui déconstruira l’Europe, qui démantèlera ses programmes d’éducation, d’échanges, de partage et de cohésion. C’est bien parce que nous sommes les enfants de « l’Union dans la diversité », que cette diversité, nous la protégerons. Par là, nous vous prouverons aussi qu’on ne peut croire dans une politique municipale qui distingue ses administrés en fonction de leur culture, de leur ethnie, de leur religion ou de leur tradition. Nous la jeunesse de 2014, nous enfants de la République, nous enfants de l’Europe, nous dévouerons corps et âme pour vous alerter des enjeux de votre bulletin. Je sais que la France est sage, qu’elle saura nous entendre pour ne pas se méprendre.
NP.
Ecrit par Nicolas Pastor