Bordeaux

Bordeaux : une bonne situation économique de façade qui masque une dette grise !

Lundi 8 février se tenait l’audit des finances de Bordeaux à l’Hôtel de Ville. L’occasion de faire un bilan des années passées (2014-2019). Le verdict ? Les finances de la Ville semblent plutôt bonnes. En façade. Mais selon les analyses, Bordeaux fait face à une dette grise et un manque d’anticipation qui pèsera sur les prochaines années.



Une bonne santé de façade  
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, et Claudine Bichet, 1ère adjointe en charge des finances et du défi climatique, ont présenté ce lundi les résultats de l’audit financier des comptes de la Ville mené par le cabinet Michel Klopfer, organisme indépendant et spécialiste des finances des collectivités locales. Cet audit a deux objectifs : obtenir une analyse rétrospective objectivée de la situation financière d’une part et tirer des enseignements prospectifs sur les marges de manœuvre dont la Ville dispose. A première vue, la nouvelle majorité explique hériter d’une situation qui semble plutôt bonne. L’épargne brute, qui correspond à l’excédent des recettes réelles de la Ville auxquelles on soustrait ses dépenses réelles, est de 56,5 millions d’euros. Soit un taux de 14,1%, taux bien supérieur aux 10% préconisés, et qui place donc Bordeaux dans le haut du classement des villes où le taux d’épargne brut est le plus important, devant Strasbourg, Toulouse ou encore Nantes. Une épargne qui se veut importante grâce à des recettes très élevées : 402,6 millions d’euros de recettes réelles de fonctionnements en 2019, soit un ratio de 1 570 € par habitant, là où la moyenne est de 1 335 € . Ces chiffres placent la Ville de Bordeaux dans le top 4, derrière Grenoble, Lille et Nice. Mais ces recettes élevées sont le fruit d’une fiscalité près de 40% supérieur aux villes équivalentes à Bordeaux. Les recettes fiscales représentent en effet 60% des recettes de la Ville. Pierre Hurmic dénonce un bénéfice « au prix d’un matraquage fiscal réalisé notamment en début de mandat, en 2015 ». En 2015, on parle en effet d’une hausse de la fiscalité de + de 5%. Bordeaux, par rapport à des villes de la même strate, paie 250 euros de plus par habitant et par an de fiscalité locale. Mais le maire actuel de Bordeaux a bien insisté dessus : « Nous ne toucherons pas à la fiscalité » !

François Corbier, Directeur Général des Services

Une casse limitée
Mais lorsque l’on poursuit l’analyse des chiffres, on réalise vite que les dépenses de la Ville sont elles aussi très élevées. Et pour cause, cette fois-ci, Bordeaux se situe dans le top 6 des villes où les dépenses sont les plus importantes et affiche 346 millions d’euros de dépenses réelles de fonctionnement en 2019. Cela correspond à 1 344 € par habitant, encore une fois bien au-dessus de la moyenne des plus grandes communes françaises. Les dépenses sont en hausses constantes et concernent majoritairement des dépenses de personnel. Ces dépenses représentent +1,34% en euro par habitant alors que sur ce même ratio, l’évolution de la strate des grandes villes s’établit en moyenne à -0,29% par an. Mais alors, comment les chiffres concernant l’épargne brut annoncés plus haut peuvent-ils être aussi élevés ? Pour ce faire, la Ville a eu recours à la métropolisation. Une grande partie de ses charges a été « diminuées » grâce à leur transfert, et notamment par le transfert de personnels, sur la métropole. On parle de 85 millions d’euros de charges transférés. Mais Claudine Bichet le rappelle : « Ce n’est pas un cadeau ! ». La réalité est donc moins belle qu’il n’y parait. A cause d’investissements très lourds en début de mandat , notamment en 2014 et 2015 avec respectivement 152 puis 159 millions d’euros d’investissement, la ville a eu recours à des cessions et a vendu des produits exceptionnels pour éviter l’endettement, comme la vente de Regaz pour 105 millions d’euros. En tout, ce sont 183 millions d’euros récoltés grâce à ces cessions, soit près de 70% de l’épargne. « Vendre du patrimoine pour s’offrir des équipements somptuaires…  » déclare l’adjointe au maire lors de ce compte rendu. Ces équipements somptuaires, on le rappelle, sont la Cité du Vin, le Grand Stade et la Cité Municipale, où la Ville a respectivement investi 83, 122 et 30 millions d’euros. Si en 2016, les estimations de la capacité de désendettement de Bordeaux s’élevaient à 11,4 ans (soit à la limite du seuil LPFP de 12 ans), elles ne sont à présent plus que de 4,4 ans (chiffres de 2019). Au 31 décembre 2019, la dette de la Ville était de 252 millions d’euros.

Un équipement qui a soulevé bien des tempêtes

Un manque d’anticipation 
Mais si la mise est sauvée pour l’instant, il faut voir plus loin dans le futur, à commencer par la disparition progressive de la taxe habitation, importante recette de la Ville. Les plans financiers et investissements des mandats précédents sont jugés opportunistes et sans anticipation sur la situation actuelle selon la nouvelle majorité. Le stade Matmut coûte par exemple 2,4 millions d’euros à la Ville pour une durée indéterminée. « On découvre un piège économique d’une structure pour le moment à moitié utilisé » a mentionné le maire de Bordeaux. A titre de comparaison, une crèche de 60 places coûte 2,4 millions d’euros, pour un gymnase, c’est 6 millions. En parallèle, la Cité du Vin coûte 7 millions par an et il faut déjà réinvestir dans la scénographie. « Au lieu d’investir dans les besoins quotidiens des Bordelais, on a investi sur la Cité du Vin, la Cité municipale, le grand stade... »souligne-t-il. Et cela explique la dette grise à laquelle Bordeaux doit maintenant faire face. Une dette grise, c’est le risque de surcoût financier à terme résultant d’un sous-entretien chronique d’infrastructures. L’insuffisance des moyens consacrés à leurs entretiens se traduit par une dégradation de leurs états, qui génère en aval des risques pour les utilisateurs, mais aussi des moyens financiers plus importants à consacrer aux réparations. La Ville a misé sur un investissement somptuaire plutôt qu’un investissement de proximité. Aujourd’hui, une grande partie du patrimoine de proximité est à l’abandon, comme les gymnases, piscines, centres sociaux ou écoles qui ont connu un sous-investissement chronique depuis de nombreuses années. A cette dette grise s’ajoute la crise sanitaire actuelle qui a causé un choc financier de 20 millions d’euros, soit 40% de l’épargne brut de 2019. L’enjeu majeur de ce mandat est donc « d’instaurer de la sobriété dans la gestion tout en respectant nos engagements, […] à savoir la végétalisation de la ville, la construction et rénovation énergétique mais aussi la création de zone de partage entre piétons et circulations douces » a énoncé Claudine Bichet. « Nous sommes en crise et avons hérité de problèmes lourds auxquels il va falloir faire face dans les années et mandats à venir. Nous devons essayer de faire mieux avec moins ».

Suite à l’article paru dans Bordeaux Gazette sous le titre "Bordeaux : une bonne situation économique de façade qui masque une dette grise !" la Cité du Vin a donné les précisions suivantes : Le coût total de construction de la Cité du Vin est de 81 millions d’euros, et la part de la ville de Bordeaux dans ces 81 millions est de 31 millions d’euros. Par ailleurs il est également évoqué un coût de 7 millions par an pour la ville. Le chiffre de 7 millions d’euros correspondant au montant que la Cité du Vin pense nécessaire d’investir, sur 6 ans à partir de maintenant, pour faire évoluer et renouveler la scénographie et les contenus du Parcours permanent afin que la Cité du Vin continue à être attractive . C’est à la demande de la Cité du Vin que Bordeaux-Gazette publie cette précision .

Ecrit par Noémie Renard


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