Effectivement comme il s’agit de deux itinéraires, cet excellent ouvrage se parcourt à la vitesse que l’on désire et la vitesse la plus recommandée est celle du pas du promeneur-flâneur pour bien déguster chaque page de ce sympathique petit ouvrage qui contient une foule de détails et de précisions dont tout amoureux de Bordeaux devrait au moins avoir entendu parler, comme à n’en pas douter son ancien maire avec son "Dictionnaire amoureux de Bordeaux", certes porté vers un Bordeaux plus actuel mais l’homme ne dédaigne pas l’histoire, loin de là. L’auteure nous prévient : "Ce petit guide ne prétend pas retracer de façon exhaustive l’histoire du Bordeaux médiéval et de ses monuments, mais il souhaite montrer qu’en étant un peu attentif, il est possible de voir ressusciter ce passé qui a marqué de façon indélébile l’urbanisme de la ville contemporaine." Pour cela il faut se promener le livre à la main car à l’intérieur c’est un vrai discours de guide précis, minutieux et explicite, vous indiquant où vous devez tourner et détail remarquable les noms actuels qui sont utilisés sont mentionnés en rouge permettant de vous y retrouver plus facilement. Les deux parcours sont évalués en durée, l’un à trois heures et l’autre à quatre heures et le meilleur conseil que l’on puisse donner, c’est surtout de ne pas les faire le même jour et même de lire une fois le parcours avant de vous y engager le livre à la main, pour éviter de vous y perdre. Il vous faudra donc, à minima séjourner deux jours à Bordeaux voire trois pour vous imprégner du texte et de l’ambiance avant de vous lancer dans la découverte.

Façade occidentale de Saint-André serait le vestige de la nef du XIème siècle

Le parcours UN s’appuie sur la première implantation de Bordeaux avec le découpage qui s’étale sur la longue période du IIIème au début du XVIIIème siècle, époque qui marque l’essor de la ville avec la conquête du Nord coïncidant avec la fin de l’époque médiévale. Le parcours DEUX, lui est essentiellement centré sur le Bordeaux des XIIIème, XIVème et XVème siècles. En suivant ces deux parcours en lecture, il prend une terrible envie d’aller y voir, tant tout est si bien détaillé. A la volée et presque par hasard on peut lire : "En traversant le cours nous prenons la rue de la Chapelle Saint jean (imprimé en rouge). C’est ici qu’on pouvait traverser le Peugue grâce au pont Saint Jean. En avant et de part et d’autre de la rue, se trouvait l’hôpital Saint Jean (à droite) et la chapelle Saint-Jean (à gauche) construits sur pilotis au bord du Peugue par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem pour les pèlerins. Ils accostaient à quelques mètres de là au Port des Pèlerins, à l’extrémité de l’actuel cours Alsace et Lorraine. Aujourd’hui à Bordeaux, il y a un pont Saint-Jean mais ce n’est pas le même qui franchit la Garonne alors que celui dont il est question enjambait le Peugue qui est aujourd’hui entièrement canalisé et qui coule sous le Cours Alsace et Lorraine pour aller se jeter dans la Garonne. La Devèze ayant subi le même sort et va se jeter dans la Garonne au niveau du quai Richelieu.Vous apprendrez dans cet ouvrage que le grand-père de Michel Montaigne, Ramon Eyquem était marchand de poissons salés et d’huile et que devenu riche il s’offrit en 1477 la Seigneurie de Montaigne où son petit-fils séjourna longuement pour en faire sa demeure. Pour ceux qui s’intéresse à Bordeaux, à se procurer d’urgence.

Guide du Bordeaux Médiéval
Annick Bellegarde
114 pages
broché
Editions Sud-Ouest
10 €
ISBN 2.8177.0636.8