Après la remise des Trophées de l’Oenotourisme à la cité du vin un intéressant colloque s’est tenu sur cet important tourisme Viti-vinicole qui le plus souvent mêle culture, connaissance du terroir, découverte des hommes et des femmes et plaisirs gustatifs.
Comme nous l’a fait justement remarquer Michel Durrieu à la fin de ce trop court colloque "Un des premiers critère de choix du touriste c’est ce qu’il va manger", perfidement on pourrait ajouter, boire de surcroît ceci se transformant souvent en "on va aller là, car on y mange bien, on y boit bon et le paysage est à découvrir". Ceci est un peu la marque de fabrique du tourisme intérieur de la Gironde avec ses châteaux et son bâtit remarquable, mais ce qui concerne le bâtit on en trouve a peu près partout en France, donc en Gironde les touristes côtiers, s’y réfugient, quand le temps est un peu trop maussade sur la côte tout en sachant qu’il y en a de nombreux (touristes) qui viennent spécifiquement pour le vignoble car c’est la motivation première. Ceci se reproduit un peu partout en France avec une remarquable richesse des régions viticoles aux multiples coins de l’hexagone de l’Alsace à l’Irouléguy, de la Narbonnaise à la Loire et du Luberon au Beaujolais en passant par la vallée du Rhône en oubliant un bon nombre de lieux tous aussi intéressants que ceux qui viennent à l’esprit immédiatement. On a découvert ainsi au cours de ce colloque animé par Rodolphe Wartel, directeur de Terres de Vins et qui a rassemblé autour de lui : Michel Durrieu, Directeur Général du CRT Nouvelle Aquitaine ; Philippe Massol, Directeur Général de la Cité du Vin ; Madame Estelle de Pins, Gérante de GDO Wine ; Bertrand Amar, propriétaire de château Vénus et Alexandre Agop, directeur du château l’Hospitalet. que l’ œnotourisme apparait être la forme de tourisme qui semble repartir le plus rapidement car il n’est pas totalement tributaire de la saison même si elle compte. On serait ainsi face à un tourisme de proximité qui ne reçoit pas forcément un nombre massif de personnes simultanément et qu’on est dans une réception filée de visiteurs, néanmoins il reste tributaire de la mobilité.
- De gauche à droite : Michel Durrieu, Philippe Massol, Estelle de Pins, Bertrand Amar, Alexandre Agop et Rodolphe Wartel
Si pour certains la reprise est molle, pour d’autres elle est plus nerveuse mais la tendance générale est à la reprise et Philippe Massol a fait part du sentiment pour la cité du vin pour laquelle dès le départ du confinement tout le monde a compris que les choses ne serait plus jamais comme avant et qu’il allait falloir ouvrir les stratégies vers le numérique et l’itinérance des expositions. Les résultats pour cette année vont être catastrophiques alors que la courbe de progression était régulière depuis l’ouverture, le problème majeur a été que brutalement on ne pouvait plus se déplacer et que l’essentiel dans le développement touristique, c’est le fait de pouvoir se déplacer. Cette année on ne pourra pas compter sur la clientèle étrangère, par contre la clientèle Aquitaine progresse mais cela ne sera pas suffisant pour cette fondation qui se doit d’avoir des comptes à l’équilibre et sa présidente est plutôt inquiète. Il est nécessaire de faire évoluer les contraintes pour ne pas refuser du monde, tout en restant vigilant face à la pandémie qui reste alarmante. L’œnotourisme est au cœur des voyages européens, ce qui a fait dire " L’Art et le Pinard, même combat " car il est indéniable qu’aussi bien l’art culinaire que l’art en général ont investi les propriétés viticoles soit avec des restaurants pilotés par des chefs renommés, soit par des peintres ou des sculpteurs voire la musique qu’elle soit classique ou autre, comme ce festival de jazz du château l’Hospitalet qui habituellement reçoit mille cinq cent convives par soirée sur cinq soirées et qui cette année se tiendra sur six soirées du 21 au 26 juillet pour diminuer la jauge à onze cent par soirée, en modifiant la forme du service avec un programme franco-français. Pour faire face à la crise l’imagination est au pouvoir et il faut le faire savoir et quoi de mieux que le numérique qui prend une place considérable dans l’annonce et l’offre.
- Michel Durrieu
Dix sept millions d’étrangers viennent en France habituellement pour la période estivale et si on va pouvoir accueillir les résidents de la zone Schengen, les touristes lointains des Etats-Unis, de la Chine et du Japon, touristes plutôt dépensiers ne seront pas la pour cette saison. La Nouvelle-Aquitaine est la première destination en France pour les touristes français en premier lieu grâce à son espace côtier et sur les 32 millions de touristes habituels qui s’y rendent, 28 millions sont des visiteurs français et 4 millions des visiteurs étrangers. L’absence cette année de ces touristes internationaux aura un impact sur une partie des acteurs touristiques, notamment le secteur marchand avec la restauration qui attire nombre d’amateurs fortunés et qui aiment se loger luxueusement, ce qui va se chiffrer par plusieurs milliards en moins de recettes. "En terme de fréquentation, nous nous attendons à une perte de 4 millions de visiteurs correspondant aux voyageurs étrangers mais également à une dégradation sur la fréquentation française" a ajouté Michel Durrieu. Bordeaux qui a construit son économie sur le tourisme risque d’être durement impacté par la situation. La crise va amener à modifier l’offre qui sera sûrement de plus courte durée et il faudra veiller au coût qui ne devra pas être excessif car dans une politique de l’offre encore faut-il que l’offre soit attrayante sans être excessive. Dans les mois à venir les problèmes majeurs resteront même si la pandémie est sous contrôle, ce qui n’a pas l’air de s’annoncer malheureusement, les problèmes resteront liés au mode de déplacement, l’avion ne reprendra au mieux que 50 % de son trafic en fin d’année et 2021 sera crucial. Bien sûr pour se déplacer, il reste le train mais celui-ci joue un drôle de jeu en faisant flamber les prix.
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Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette