Le onzième procès pour décrochage de portraits du président Macron devait se tenir aujourd’hui à Toulouse. Il a été reporté au 12 mai 2020, au terme d’une audience express où le procureur du jour a tenu à préciser qu’à titre personnel, il n’aurait pas retenu les poursuites contre les militants.
A 8h30, Clarisse, Virgile et Alice sont entrés au Tribunal de Grande Instance de Toulouse acclamés par la foule venue les soutenir. Comparaissant pour “vol en réunion” suite à un décrochage de portrait présidentiel, ils ont finalement vu leur audience reportée au 12 mai 2020. La juge a cependant profité de la séance pour lever le contrôle judiciaire qui leur interdisait de pénétrer dans toutes les mairies du pays. Le procureur a pour sa part tenu à préciser qu’à titre personnel, il n’aurait pas retenu les poursuites. « Après le courage du juge de Lyon qui a relaxé deux militants au nom de l’état de nécessité à agir face au dérèglement climatique, le procureur de Toulouse, représentant du ministère public, ne cache même pas sa désapprobation envers la poursuite de militants non-violents qui décrochent des portraits de Macron et se mobilisent pour le climat. » remarque Leandra Deutsch, d’Action Non-Violente COP21. « Les vents tournent et la légitimité change de camp : de plus en plus d’individus, au sein des institutions et des différents secteurs de la société, reconnaissent la gravité de la situation et apportent leur soutien à celles et ceux qui dénoncent l’inaction criminelle du gouvernement. »
- Virgile, Alice et Clarisse, prévenus du procès de Toulouse
Si l’audience des militants est reportée, la mobilisation pour faire de cette journée le procès de l’inaction climatique, elle, bat son plein : interventions de représentants de luttes locales, dont les gilets jaunes, concerts, déambulation, banquet festif ponctuent la journée. Christophe Cassou, témoin et climatologue rédacteur du GIEC, est notamment intervenu pour rappeler que l’année 2019 sera probablement la seconde année la plus chaude enregistrée depuis 1850. Un constat scientifique irréfutable qui est passé au fil de l’année du stade de l’alarme à celui de l’urgence, selon ses termes. Geneviève Azam, économiste et elle aussi témoin, a souligné l’incongruité d’une situation où pour un portrait à moins de dix euros, des militants risquent 75000 euros d’amende et cinq ans de prison. Si le mouvement ANV-COP21 est frappé par une répression judiciaire d’ampleur avec près de 21 procès déclarés à ce jour, la détermination ne faiblit pas. Partout, les mobilisations continuent, notamment avec les cinq procès prévus en décembre, à Grenoble, Bordeaux, Saint-Etienne, Lyon et Nevers. À Toulouse, les militants se tiennent d’ores et déjà prêts pour l’audience du 12 mai, remarquant non sans ironie qu’elle se tiendra au moment du troisième anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron. Une bonne occasion de continuer à faire le bilan de sa véritable politique, déplorable en matière de climat et de justice sociale.
Communiqué ANV-COP21
Ecrit par La rédaction